mercredi 14 mars 2007

Le Débat des Chefs 2007

Souverainiste et péquiste depuis toujours, le coup de foudre envers le nouveau chef du parti est plutôt faible. Je réalise cependant que je me dois de donner la chance au coureur. Après avoir été nommé par les militants André Boisclair s’est effacé pendant plusieurs mois avant de se présenter à l’Assemblée Nationale. Complètement invisible à un moment où les libéraux accumulaient déceptions par dessus désillusions, la personne la plus importante de l’organisation brillait par son absence. Déjà déçu d’avoir vu l’inestimable expérience de deux grands piliers du P.Q. disparaître aussi rapidement par les départs de Bernard Landry et Pauline Marois, je donnais mon appui à un mouvement sans chef visible pour la première fois depuis que je m’intéresse à la Politique. Et puis un jour, il est sorti de l’ombre… C’est lorsque je l’ai entendu dire tout haut "M. Charest ! Vous avez pensé que les québécois vous ont CRU ? Vous êtes CUIT" que j’ai, sans le vouloir, donné une image à toutes les attaques à venir à ce nouveau leader du Parti Québécois.
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Je dois admettre que j’ai eu du mal à ma réconcilier avec l’image du politicien. Un préjugé bien encré dans le subconscient ? Peut-être… Mais je pouvais faire peu pour changer la perception qui s’était installé dans mon esprit, sauf peut-être laisser le temps passer et espérer recevoir une information nouvelle qui me servirait à me rapprocher un peu… Je ressens probablement le besoin d’être rassuré. L’insécurité s’impose bien souvent lorsque se présente une simple rupture dans une vie de couple. L’appréhension de l’inconnu se manifeste aussi sévèrement lorsqu’un individu se retrouve du jour au lendemain sans travail. Les peurs sont légitimes, mêmes celles qu’on n’identifie pas sur le champ. Je vais vous dire qu’il faut une sapré dose de charisme et de force de caractère pour transporter sur ses épaules le poids d’une rupture entre une province et un pays. Il faut être drôlement convaincant et projeté une confiance sans limite. C’est ce que j’ai besoin de ressentir lorsque je regarde le dirigeant du concept de la souveraineté de mon pays.
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M. Boisclair grandi
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Si les bons vins s’améliorent avec les années, il est à prévoir que M. Boisclair pourrait être celui qui transformera le Québec de manière significative. Curieusement, à mesure que la campagne électorale avance, il développe une assurance surprenante. Sa prestance à l’émission télévisée animée par Claude Charron «Madame, monsieur, posez votre question!» se compare de la même manière. Plus l’émission défilait, plus M. Boisclair répondait avec aplomb. Rien à comparer avec son apparition à «Tout le Monde en Parle» où il semblait craindre d’avantage les allusions farfelues de Danny Turcotte que les questions de Guy A. Lepage. Hier soir, à mon avis, M. Boisclair a fait un travail remarquable pour un homme qui se présentait à son premier débat politique. Parce que la majorité des gens nourrissait l’impression que son manque d’expérience le dirigerait vers un échec certain, il est probablement celui qui aura le plus étonné. Il a su mettre en évidence le refus des ses adversaires de simplement répondre aux questions posées. Malgré les nombreuses tempêtes M. Boisclair prend de l’assurance à chaque jour et donne l’impression qu’il maîtrise ses dossiers de plus en plus. Il est peut-être en train de nous démontrer à tous qu’à l’instar des préjugés, il est en mesure de résister aux nombreuses attaques portées contre lui et de se tenir debout. Je doute qu’il soit élu premier ministre en 2007 mais je commence à avoir bon espoir qu’il soit en mesure de rapatrier l’ensemble des québécois d’ici 2111. C’est à mon avis, le point le plus important de la présente campagne. Le Parti Québécois est en chute libre et a certainement besoin d’un vrai chef de parti.
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Un Mario Dumont déculotté
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Personnelement, je trouvais désolant de voir Mario Dumont patiner comme il l’a fait pour se défaire de situations auxquelles il n’avait aucun contrôle. «Question simple… Vous êtes économiste de formation, diplômé de Concordia, c’est quoi la marge de manœuvre du Québec par année ?» En tant que simple citoyen, que je sache ou non que la marge de manœuvre se situe à $700M pour l’année en court a très peu d’importance. Mais que M. Dumont, un homme qui prétend avoir des promesses chiffrées à proposer, un homme qui massacre les enveloppes budgétaires de ses opposants durant la campagne et surtout, un homme qui se présente pour devenir le premier ministre du Québec, soit totalement dérouté par la question dépasse l’entendement. Troisième fois en moins d’une semaine que M. Dumont se retrouve en position d’extrême faiblesse. Deux fois à l’émission «Tout le Monde en Parle» devant, à tour de rôle, Guy A. Lepage et Chantal Hébert et hier soir devant M. Boisclair. À mesure qu’on s’éloigne du débat, son fameux lapin qui faisait références au viaduc de Laval s’avère un coup d’épée dans l’eau. Tôt au lendemain du débat, des documents officiels viennent prouver le contraire de ce qui a été mentionné concernant cette affaire. Il serait étonnant que M. Dumont ait été en mesure de prévoir un tel coup mais en bout de ligne, le lapin aura eu au moins l’utilité d’attirer l’attention du peuple sur autre chose que la fameuse question concernant la marge de manœuvre du Québec.
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Pourtant, plusieurs consacre la victoire (du débat) à notre Mario national simplement en raison des idées nouvelles qu’il apporte. Je suis le premier à souhaiter des changements majeurs pour le territoire québécois. Je suis le premier à souhaiter qu’un homme se lève pour nous proposer une gestion épurée du budget provincial. Je souhaite justement la souveraineté pour couper les dépenses au maximum parce que je suis à bout de souffle de payer taxes et impôts en double depuis près d’une trentaine d’années. Je souhaite la souveraineté parce que je souhaite toutes sortes de changements qui sont à mes yeux nécessaires pour administrer un territoire sainement. C’est bien beau d’avoir des idées nouvelles mais encore faut-il être en mesure de chiffrer l’ensemble de ses projets et d’en connaître l’impact sur la société. Le parti Québécois rêve d’un Québec souverain depuis plus de quarante ans. M. Dumont a probablement lu les articles du Journal de Montréal il y a un peu moins d’un an qui traitait du système scolaire en Finlande pour en arriver à proposer l’abolition des commissions scolaires. Je l’avoue, l’idée m’avait aussi séduite au moment de lire l’article mais de là à en faire une promesse électorale quelques mois plus tard semble relever beaucoup plus de l’opportunisme que du gros bon sens.
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En parallèle, M. Dumont qui qualifie de rêves les projets souverainistes de M. Boisclair, semble oublier que près de 50% de la population en 1995 rêvait avec lui. Qu’est-ce que l’Autonomisme devant un gouvernement fédéral à Ottawa si ce n’est pas un rêve ? Comme l’a si bien dit M. Boisclair hier soir, "L'autonomie, si ça existait, on l'aurait!". M. Dumont obtient plus de crédibilité en 2007 qu’il en avait obtenu en 2003. Lui aussi prends de l’assurance dans ses propos mais ses faiblesses sont plus évidentes que celles de ses adversaires. Personne ne s’attend à ce qu’il soit élu et sa popularité progressive n’aura aucun autre résultat que de provoquer une possibilité d’un gouvernement minoritaire qui affaiblira les pouvoirs des élus en place (qu'ils soient péquistes ou libéraux) et un mandat plus court. Des élections aux deux ans au fédéral pour un Harper minoritaire et des élections aux deux ans au Provincial… Lorsqu’on pense à tout cet argent dépensé, YOUPPE DOO
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Jean Charest, le vendeur de voitures usagées
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Le plus grand menteur qu’il m’ait été de voir dans toute ma vie. Un homme politique que j’arrive à respecter malgré tout pour sa force de caractère. J’ai qualifié M. Charest de "plus grand menteur" bien avant que M. Boisclair se serve de ce qualificatif durant la dernière campagne. M. Charest est prêt à tout pour arriver à ses fins. Peu importe que les accomplissements de ses prédécesseurs soient bons ou mauvais, du temps qu’il régnait à l’opposition, c’était toujours mauvais. Vous allez me dire que c’est le rôle d’un chef de l’opposition en politique ? Je vous réponds "pas nécessairement". Le rôle du politicien est de contribuer à l’essor du territoire pour lequel il s'engage et non de prôner l’inverse de ce qui est bien pour le peuple dans le seul but de satisfaire ses besoins propres ou ceux de son parti. Dans ce sens, M. Landry était un bien piètre chef d’opposition simplement parce qu’il ne possédait pas les travers de M. Charest. M. Charest est beaucoup moins arrogant depuis qu’il a prit les commandes du Québec. Ses objectifs sont à moitié atteints lorsqu’on pense à ses aspirations au fédéral. Mais le mensonge est toujours sa plus grande force. Les gens ont besoin d’entendre que le Québec est en santé et qu’il représente un paradis pour la famille. Que les impôts n’ont pas été diminués tel que prévue mais qu’un autre mandat amènerait le parti à progresser dans ce sens. Le peuple a besoin de se faire dire que les listes d’attentes ont diminuées dans les hôpitaux et qu’on a allégé l’achalandage dans les urgences même si tout le monde sait qu’en réalité, il en est rien. M. Charest a été hier soir beaucoup moins agressif qu’en 2003. Il se voulait rassurant, tel un père de famille qui a fait ses preuves. M. Charest a vendu l’illusion au peuple québécois qu’il avait réussi. Le peuple québécois a acheté. Vous verrez le 26 mars prochain.