mercredi 28 mars 2007

Un électrochoc pour le PQ

Texte publié sur le blogue de Richard Martineau le 28 mars 2003
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Le jour du vote, quelques heures après être passé aux urnes, je répondais à M. Parizeau qui traitait tout les séparatistes dissidents de végétariens. En faisant référence au syndrome du marteau, il suggérait en quelque sorte de voter P.Q. sans tenir compte de notre évaluation personnelle du Parti.

J'écrivais "je suis péquiste souverainiste de souche. Pour construire mon pays, je n’utiliserai jamais un outil qui risque de m’péter dans les mains à tout moment. Loin d’être un pur et dur, je me considère comme un souverainiste lucide qui souhaite une souveraineté intelligente. Je reconnais surtout qu’un troisième référendum perdant rendrait la cause encore plus stérile qu’elle ne l’est au moment actuel". C’est dans l’isoloir, devant le bulletin de vote que j’ai pris la décision d’accorder mon vote à un autre parti que le Parti Québécois pour la première fois en huit élections provinciales. Les mots de M. Parizeau et l’insistance de M. Boisclair de vouloir plaire aux purs et durs avant de rassurer le peuple et de satisfaire ses besoins m’auront incité à déserter.
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Le Parti Québécois ne renouvelle pas sa manière de séduire le peuple. Le référendum de 1995 nous a démontré à tous que la souveraineté serait quasi impossible sans l'appui des nouveaux arrivants qui se font plus nombreux à chaque année. Le regroupement multiculturel du Québec avait les yeux tournés vers nos dirigeants politiques au cours des derniers mois en raison du brouhaha causé par les accommodements raisonnables. Le Parti Québécois se devait d'être solide et de trouver les mots justes pour non seulement trancher mais aussi séduire les groupes ethniques québécois. À mon avis, M. Boisclair a raté une belle occasion de mettre un tas de gens de son bord. Pour rallier la majorité des 7M de québécois à la cause, le Québec a besoin d'un leader, d'une personne qui, par ses paroles et actions, fera bouillir le sang dans les veines de ceux qui seront à l'écoute.
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En parallèle, contrairement à d’autres qui jugent bien sévèrement et surtout bien rapidement, André Boisclair m’a agréablement surpris au cours du dernier mois. Aucun coup de foudre envers ce jeune chef depuis le jour de sa nomination par les militants. Très peu d’espoir également de voir le Parti Québécois progresser en rapport avec l’élection de 2003 à l’approche de la dernière campagne. En d’autres mots, M. Boisclair n’arrivait tout simplement pas à me convaincre avec sa langue de bois.
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Puis, vint la campagne 2007. Je l’ai vu prendre de l’assurance et démontrer qu’il apprenait à maîtriser l’art d’être le premier de son parti. Il est jeune et en est à ses premiers pas comme chef. Je crois qu'il a fait un travail remarquable dans les circonstances. La progression se faisait sentir à mesure que la campagne avançait et en ce qu me concerne, c’est un point qu’il ne faut pas négliger. Si c’est par les échecs qu’on devient meilleurs, il aura eu besoin d’une épreuve aussi difficile à avaler que sa troisième position du 26 mars pour devenir plus grand. Le personnage m’a impressionné par sa force de caractère et sa capacité à se tenir debout malgré vents et marée. L’histoire de cocaïne est déjà loin derrière et je crois sincèrement qu’avec le temps, l’homophobie fera place au respect, la compassion et la confiance. Les québécois finissent toujours par respecter ceux qui se tiennent debout mais bien souvent, la patience leur fait défaut. On reproche souvent au Canadien de Montréal de tirer sur la plogue trop rapidement avec ses jeunes loups, il faut croire que le Québec tout entier lui ressemble… Je me demande bien lequel des deux a déteint sur l’autre ? On reproche à André Boisclair sa langue de bois et son incapacité de communiquer avec les régions, tout à coup, on encens Mario Dumont parce qu’il rejoint les gens du peuple… Où était ce même Dumont en 2003 ? Vous ne vous souvenez pas de la gueule qu’il faisait en constatant la réponse des québécois qui avait élu seulement 4 députés sur 125 ? Qui d’entre-vous aurait pu prédire à cette époque les quarante et un siège de 2007 ?
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Le Parti Québécois actuel est en reconstruction. Je suis parfaitement d’accord avec Louise Beaudouin qui dit que son organisation n’a plus les moyens de dévorer ses chefs comme il le fait tout le temps. LE P.Q. A BESOIN DE CHANGER DE MENTALITÉ, IL A BESOIN DE RETROUVER UNE STABILITÉ. Il a besoin de se regrouper mais surtout de S’APPUYER à l’interne. Il est devenu une organisation sans âme parce qu’il coupe la tête de ses chefs comme on coupe des têtes de poules. Il panique à la moindre saute d’humeur de la population ou à la moindre pression médiatique. Duceppe, Curzi, Landry, même Dieu le père, oubliez le Parti Québécois si l’esprit d’équipe et le désir pour tous de tirer dans la même direction ne se manifeste pas.
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Oui c’est dur ce qui arrive au P.Q. mais en même temps, ça peut être extrêmement bénéfique si on arrive à comprendre ce qui se passe.
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Votre façon de décrire l’évolution du rêve souverainiste M. Martineau m’a fait sourire. Vous êtes passé de l’ambition émotionnelle à la rationalisation de l’espoir d’une manière bien coloré. Les souverainistes des années soixante-dix jouaient définitivement la corde de l’émotion mais leur intention n’en était pas moins stratégique économiquement et culturellement parlant. Quand je dis que le Parti Québécois n’a plus d’âme, vous tombez dans le mille avec vos propos. C’est vrai qu’on aura eu à troquer la guitare pour la calculatrice mais je doute que les fédéralistes en soient la seule cause. Trente années ont passées depuis les beaux jours de René Lévesque et l’évolution de la situation économique du Québec commandait une telle analyse par elle-même. Souvenez-vous de l’ampleur du Journal de Montréal de l’époque et regardez aujourd’hui en direction de Québécor. Les questions ne sont plus exactement les mêmes. Mais vos propres textes au cours des derniers jours ont témoignés de cette corde sentimentale qui semble toujours exister en région. Le béton n’a pas encore remplacé nos champs de fleurs à la grandeur de la province et certaines personnes semblent encore accrochées à l’authenticité de notre culture et de nos valeurs. Paradoxalement, ces mêmes personnes à travers le Québec ont remanifestés, plus fort que jamais son besoin de changement. Au lendemain des élections, désillusionné par les résultats M. Boisclair a mentionné qu’il était clair que les québécois ne voulaient pas d’un troisième référendum. Mais la vraie question pourrait être la suivante ; Est-ce que ce sont les québécois qui ne sont pas prêt à un changement aussi radical que la souveraineté ou est-ce le Parti Québécois qui n’a pas encore trouvé la véritable façon d’aborder la question ? Parce qu’en ce moment, à l’intérieur même du parti, elle est là la vraie bataille entre la calculatrice et la guitare. En 1995, la ligne séparait les francophones des anglophones et des allophones et je doute sincèrement que la situation ait changés à ce point. Les personnes à convaincre demeurent les mêmes mais le travail n’a tout simplement pas été fait. Face à l’inertie et à la confusion qui règne au sein du Parti Québécois, le bleu de 95 à tout simplement changé de couleur.
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Pour moi, la poésie, le romantisme de la souveraineté, le déséquilibre fiscal et les points d’impôts forment un tout. Effectivement, je ne vois plus la souveraineté du Québec comme à mes vingt ans et Dieu merci. Le Québec évolue et les gens qui le compose aussi. Je ne vois plus non plus le reste du Canada comme nos ancêtres l’ont imaginé il y a 500 ans. Ces gens là auraient possédé des calculatrices et des ordinateurs qu’ils auraient peut-être vu les choses autrement. Je n'appuis pas le Parti Québécois inconditionnellement comme j'appuis le Canadien de Montréal simplement parce que pour moi, la souveraineté du Québec n’est pas un jeu. Je n’appuierai jamais un parti politique aveuglement par simple fanatisme. On ne se bat pas pour un deux points au classement ou une coupe Stanley à la fin de saison. Je crois en la souveraineté, je crois que nous devons tous tirer dans la même direction pour préserver notre culture pour les décennies à venir pendant que nous représentons toujours une majorité sur notre territoire. Je ne crois plus en la nécessité d’élire un gouvernement central qui doit être amener à gérer un territoire aussi vaste que le Canada. Surtout, je ne crois plus que nous avons à être administré en double. Je crois sincèrement en notre capacité de prendre en mains notre sort sans dépendre sur personnes d’autres que nous-même. Je frôle la cinquantaine et lorsqu’on pense que le Parti Québécois obtient généralement la chance d’être élu une fois aux quatre ans, je devrais être le premier pressé par le temps. Mais je ne le suis pas. J’aimerais bien voir un Québec souverain avant de mourir mais en même temps, je me dis que le Québec et l’ensemble de son peuple est beaucoup plus important que mon ego. Peut-être suis-je un fervent partisans des conditions gagnantes, mais pour moi, ce n’est pas un jeune blanc bec d’une trentaine d’années qui en est à ses premières heures à la tête d’un parti qui est devenu sans âme qui va venir me dire qu’il se sent prêt à décoller la province du reste du pays. Les fils se touchent dans ma tête lorsque je l’entends ces mots, c’est plus fort que moi. M. Boisclair aurait eu avantage à rassurer les gens en se concentrant sur la gestion de la province et au redressement des différents besoins immédiats de la population. Il n’avait pas à plaire aux purs et durs, il devait surtout plaire à l’ensemble de la population. Une fois établi au sommet, il aurait pu travailler sur deux plans à la fois, le redressement du contexte social et en parallèle, convaincre les québécois de la faisabilité d’une souveraineté. M. Boisclair et son parti on parlé de la coupe Stanley avant même de mettre un pied dans les séries éliminatoires. En d’autres mots, avant de parler de souveraineté, M. Boisclair a des choses à prouver.
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Je ne souhaite pas pour autant son départ. Je suis conscient que l’homme aura besoin de temps pour apprendre et s’imposer. La majorité des hommes politiques ont tous passés par des moments plus difficiles avant d’être reconnu. Je le répète, d’après moi, le P.Q. a besoin, bien avant un nouveau chef, de s’unir et de s’appuyer entre eux. On a besoin d’une équipe qui travaillera ensemble pour ressasser son plan d’action. C’est l’ensemble des membres du parti qui arrivera à développer les capacités de son nouveau chef par son appui et sa confiance. De son côté, le peuple québécois s’habituera éventuellement à voir M. Boisclair jour après jour et finira bien par l’accepter. Je crois que dans son cas, bien appuyé par une organisation déjà établi, l’ascension se fera plus rapidement que pour Mario Dumont.