mardi 30 janvier 2007

Hérouxville, la suite (par Serge Verdon)

En réponse à Hérouxville, la suite paru sur le blog de Patrick Lagacé le 29 janvier 2007
-
Bien malin celui qui aurait pu situer Hérouxville sur la carte du Québec en moins de 30 secondes il n’y a pas plus d’une semaine. À l’heure où on se parle, Oussama Ben Laden, au plus profond de sa grotte quelque part en Afghanistan, prépare probablement un attentat démesuré contre cette municipalité qui a osé s’opposer à la liberté d’expression du musulman québécois. André Drouin se fait frotter les oreilles par Richard Martineau et Paul Arcand ? Et puis après ? Lorsqu’on a Oussama à ses trousses…
-
J’observe un débat de société qui ne frôle même pas le débordement et qui honore un peuple par sa faculté d’expression. À première vue, il est clair que le geste de M. Drouin semble déraisonnable, futile et stupide. Mais à un moment où les dirigeants de la province se cachent derrière le politicly correct dans le seul but de ne froisser personne et de maintenir un certain taux de popularité face à l’électorat, il est à se demander si le geste de la municipalité d’Hérouxville n’a pas été fait dans le seul but de choquer, sensibiliser et amener les gens à se questionner d’avantage. Si L’iman Saïd Jaziri réclame la tête du policier chantant strictement pour symboliser l’action et donner une leçon à l’ensemble de la communauté québécoise, Hérouxville a certes le droit de symboliser son geste, d’exprimer une inquiétude bien légitime face à sa lignée presque en voie d’extinction et de vouloir envoyer un message clair et précis aux communautés culturels d’ailleurs. Qu’on t-il fait que la France n’a pas déjà fait ? La situation politique en France permet un avantage que nos dirigeants du Québec ne peuvent même pas envisager. Le Québec se cherche une identité propre. D’un côté le fédéralisme qui a été sauvé par la peau des os justement par le vote ethnique lors du dernier référendum. De l’autre côté, un parti séparatiste qui connaît trop bien l’importance de rallier les immigrants à sa cause. Personne n’ose parler, sauf peut-être Mario Dumont qui ne sait plus trop où se situer au travers notre conjoncture politique. Hérouxville aura fait un pas en avant. Un pas imparfait dans la mesure où certaines clauses semblent exagérées mais tout de même un pas qui les amène à franchir une limite que d’autres n’ose franchir.
-
Je suis cuisinier de profession. Quelques semaines avant noël, je me suis vu offrir un travail dans un organisme communautaire qui prépare les repas des enfants à trois différentes écoles du quartier Rosemont/Petite-Patrie en plein cœur de Montréal. Trois cents cinquante repas par jour. Administrée par une personne d’origine marocaine / musulmane, le porc ne figure nulle part sur les menus. On le dit défendu, presque prohibé, non seulement par l’organisation en question mais aussi par l’ensemble de nos institutions d’éducation (CSDM) simplement par respect pour les autres cultures (largement minoritaires) qui rejettent l’animal. Je n’ai pas poussé l’enquête à savoir si oui ou non, la CSDM rejetait le porc dans chacune de ses écoles mais une chose est certaine, là ou je travaillais, le porc ne pouvait être considéré pour quelques raisons que se soit, ni pour les enfants des écoles, ni pour les employés de la maison, à majorité pro-porc. Vous allez me dire qu’il n’est PAS ici question d’accommodement raisonnable, je vais vous répondre que tout est relatif à votre titre hiérarchique dans l’entreprise pour laquelle vous travaillez. Le Coran dans un futur ministère, est-ce éventuellement possible ?
-
La question n’est pas ici de savoir si le porc est sain ou non pour la santé ou de savoir si la bête doit être considérée comme un déchet de la nature, il est question d’accommodements qui transforment les coutumes d’un peuple établi par d’autres de manières irraisonnables. Il est aussi question d’un peuple, dirigé par des politiciens qui marchent sur des œufs, qui a peine à définir où est la véritable ligne entre la tolérance et le respect de sa propre culture, sa propre identité. Je crois que je comprendrais bien rapidement la différence entre les deux si j’avais l’audace d’aller annoncer un jambon à l’érable dans le restaurant d’un pays assujetti par une religion qui condamne le porc.
-
Que se soit à Montréal, à Hérouxville ou dans toute autres régions du Québec, je crois qu’il est légitime que le québécois s’exprime face à une situation aussi inquiétante. Fermez les yeux pour les ouvrir une cinquantaine d’années plus tard, c’est peut-être attendre de devenir soi-même une minorité. À une époque où le reste du monde se situe au bout des doigts, les efforts des personnes qui ont jadis trimés dure, envers et contre tous, pour protéger la culture québécoise, doivent être adaptée à la réalité d’aujourd’hui. À l’ère d’Internet, les frontières dépassent largement celles entourant géographiquement le Québec. Les comparaisons nous opposent la plupart du temps à la France en raison de la langue mais qu’en est-il de l’Italie, l’Allemagne et tout ces autres pays entourés par des cultures diamétralement opposés à la leur ? Comment réagissent-ils pour préserver leur identité propre ?
-
Il reste toujours la pensée universelle, celle qui prétend que chaque homme et chaque femme est une étoile, que chaque être humain sur terre détient et dispose de la terre sous ses pieds comme il l’entend. Ou bien le québécois s’affirme pour préserver ce qu’il est, pour lui mais aussi pour les générations futures, ou bien il brandi le drapeau blanc et accepte de partager sans retenue. Dans un tel cas, il devra se préparer mentalement, parce que viendra sûrement un temps où on lui fera avaler cette belle vision d’esprit libre. À ce moment là, peut-être aura-t-il à faire comme tout le monde en sortant son tapis et en se courbant pour implorer Allah.
-
À lire aussi :
Commentaire de Luc Bertrand sur le Blog de Patrick Lagaçé
Opinion de Nourredine Seddiki apparut dans divers quotidiens de Montréal
-
Mon voyage à Hérouxville (1) de Richard Martineau 21 mars 2007
Mon voyage à Hérouxville (2) de Richard Martineau 22 mars 2007
-

Hérouxville se dote d'un code de conduite

Le 27 janvier 2007 - 15:13
-
Hérouxville se dote d'un code de conduite AgenceNews
-
La petite municipalité de Hérouxville, située près de Grand-Mère, en Mauricie, a décidé de s'attaquer aux accommodements raisonnables. Un code de conduite a été adopté jeudi dernier par le maire et les six conseillers. On peut y lire que les hommes et les femmes ont la même valeur. Le code qui a été rédigé par un des conseillers, André Drouin comporte un code de conduite de cinq pages destiné aux immigrants, qui définit les comportements que la municipalité juge acceptables. Le document est appuyé par le maire et l'ensemble du conseil municipal. Les normes de Hérouxville stipulent aux éventuels immigrants que les Québécois ont l'habitude de faire des sapins de Noël, qu'ils se font soigner indifféremment par des hommes ou des femmes, que les viandes de porc et de boeuf se côtoient sur l'étal du boucher et que les garçons et les filles se baignent ensemble dans la même piscine. Le code affirme aussi qu'à Hérouxville, le port du kirpan ne sera pas accepté dans les écoles, ni l'aménagement de locaux de prière. Le document se prononce sur le fait de se voiler le visage. Hérouxville impose comme norme de se montrer à visage découvert en tout temps dans les lieux publics. « La seule exemption possible à cette règle se produit à l'Halloween », nous informe-t-on. Le conseil municipal est bien conscient que le code de conduite dont il est l'instigateur n'a aucune valeur juridique. André Drouin affirme qu'on veut plutôt l'utiliser pour lancer le débat, et pour pouvoir dire noir sur blanc aux immigrants comment ils doivent s'attendre à vivre s'ils choisissent Hérouxville. Jusqu'à maintenant, la municipalité ne compte aucun immigrant parmi ses résidants.