lundi 3 mars 2008

Commentaire sur le Blog de Joseph Facal

Bonjour M. Facale

J’ai écouté Tout le monde en parle dimanche soir dernier et j’ai bien apprécié vos interventions concernant les idéaux qui vous poussent à penser que le Québec serait mieux s’il se gérait par lui-même. Vous avez soulevé plusieurs points intéressants, surtout lorsque vous avez parlé de l’identité québécoise qui prendrait forme encore plus rapidement dans la mesure où le Québec n’avait que lui-même à blâmer pour ses propres erreurs.

Je me considère souverainiste depuis belle lurette et les raisons pour lesquelles je nous identifie d’abord et avant tout comme un peuple à part entière, avant de nous percevoir comme une province à l’intérieur d’un pays, ont bien changé après toutes ces années.

Tout d’abord, début vingtaine, c’était la langue, l’identité, la différence qui stimulaient mes intentions. Un peu plus tard dans ma vie, c’était probablement l’intolérance et l’incompréhension, non seulement des différents gouvernements, autant fédéraux que provinciaux, mais aussi de l’ensemble des citoyens et citoyennes des autres provinces canadiennes. Je n’oublierai jamais l’amour qu’on nous a porté la veille du référendum de 95. Ces gens ne comprendront probablement jamais à quel point l’humiliation fut vive devant cette hypocrisie de dernières minutes.

Mais au-delà de toutes ces raisons, j’en suis venu à me demander pourquoi les Canadiens s’entêtaient à considérer une structure vielle de plus de 400 ans comme étant la seule et la meilleure qui soit ? Les ancêtres québécois et canadiens ont procédé du mieux qu’ils pouvaient à une époque où la communication était bien difficile entre les différentes nations. Pas d’Internet, pas même de téléphone. Avec les données disponibles, on devait structurer un pays aussi grand et vaste que le Canada.

Il existe trois pays aussi étendus en territoire que le Canada. J’envie aucun d’entre eux. Plus le pays est large, plus sa gestion nécessite un nombre plus important d’effectifs. Plus les effectifs sont nombreux, plus la corruption est répandue. Vous vous rappelez de l’épisode dans l’article du Journal de Montréal qui mentionnait la disparition fréquente et régulière d’ordinateurs dans les bureaux fédéraux à Montréal ? Le gardien de sécurité avait dit ne pas s’en mêler de peur d’être congédié. Minimisons l’importance du vol et calculons un simple crayon de mine qui disparaît chaque jour dans la poche de chacun des fonctionnaires qui travaillent pour le gouvernement fédéral, du B-C à la Nouvelle-Écosse. Même pas besoin d’inclure un scandale comme celui des commandites ou l’histoire des enveloppes à Brian qu’on est déjà perdants. Ajouter à cela les salaires de tous ces bureaucrates, leurs dépenses, celles de leurs patrons, les salaires et dépenses des politiciens, de notre gouverneure générale… J’en passe très certainement et on a même pas encore effleuré l’aspect provincial.

Je n’arrive pas à comprendre comment les gens font pour en arriver à ne pas considérer cet aspect de la situation canadienne. Si on éliminait l’entité centrale et qu’on laissait les provinces se gérer elles-mêmes, il en coûterait probablement beaucoup moins à tout le monde. Considérons le regroupement de certaines provinces pour avantager les moins fortunées. Est-ce que je suis dans l’erreur en pensant ainsi ?

Je ne suis pas dupe, comme vous le disiez vous-même dimanche soir, le Québec ne deviendrait pas parfait parce qu’il serait souverain. La corruption existerait, c’est certain mais à plus petite échelle. Au lieu de voir tous les fonctionnaires fédéraux et provinciaux partir avec un crayon de mine le soir en quittant le travail, on limiterait le problème aux nôtres. On augmenterait probablement nos effectifs en devenant indépendant, mais jamais on approcherait le total de fonctionnaires nécessaires au fonctionnement du Canada entier et de la province. C’est tellement ridicule de devoir payer deux fois plutôt qu’une pour qu’on me dirige.

Je n’arrive pas à m’exprimer aussi bien qu’un politicien ou à comprendre les choses au même rythme qu’un universitaire mais j’ai vraiment peine à comprendre pourquoi les militants de la cause souverainiste n’exploitent pas davantage cet aspect de notre situation. À mon avis, les gens ont besoin de concret. Proposez leur des chiffres en leur disant voilà combien il y a de fonctionnaires au Canada. Voilà combien vous avez à payer en salaires pour la totalité des gens qui travaillent dans les bureaux gouvernementaux fédéraux à travers le pays. Sortez les cas de corruption, de vols d’équipement, à Vancouver, à Québec, à Edmonton, à Montréal, même ceux dans nos bureaux provinciaux et additionnez-les. Regroupez tout et parlez-en sans arrêt.La langue est importante, certes, nos valeurs québécoises valent la peine d’être protégées et le Québec a très certainement besoin de prendre ses propres responsabilités pour passer de l’adolescence à l’âge adulte. On n’arrête pas de parler de ça, c’est important…

Mais en parlant sans arrêt de tout ce gaspillage, de toutes ces dépenses inutiles, de cet argent que nous garderions ici pour la faire nous-même fructifier, On ne parle pas seulement au Québécois de souche. Nous parlons à celui qui est arrivé au pays il y a deux ans, trois ans, à celui qui habite le Québec depuis une dizaine d’années, à l’anglophone, l’allophone… La vieille phrase « Il ne faut plus envoyer notre argent à Ottawa » est désuète ? Utilisons d’autres mots, tout simplement. Surtout, il faut du concret, il faut des chiffres, des preuves et regrouper sans cesse les évènements sans jamais arrêter d’en parler.

Une chose est certaine, Dieu sait que les fédéraux libéraux et conservateurs font tout en leur pouvoir pour nous aider depuis quelques années… Je trouve ça moche qu’on n’en profite pas plus qu’il faut, trop occupé à parler de notre identité.