mardi 30 janvier 2007

Hérouxville, la suite (par Serge Verdon)

En réponse à Hérouxville, la suite paru sur le blog de Patrick Lagacé le 29 janvier 2007
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Bien malin celui qui aurait pu situer Hérouxville sur la carte du Québec en moins de 30 secondes il n’y a pas plus d’une semaine. À l’heure où on se parle, Oussama Ben Laden, au plus profond de sa grotte quelque part en Afghanistan, prépare probablement un attentat démesuré contre cette municipalité qui a osé s’opposer à la liberté d’expression du musulman québécois. André Drouin se fait frotter les oreilles par Richard Martineau et Paul Arcand ? Et puis après ? Lorsqu’on a Oussama à ses trousses…
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J’observe un débat de société qui ne frôle même pas le débordement et qui honore un peuple par sa faculté d’expression. À première vue, il est clair que le geste de M. Drouin semble déraisonnable, futile et stupide. Mais à un moment où les dirigeants de la province se cachent derrière le politicly correct dans le seul but de ne froisser personne et de maintenir un certain taux de popularité face à l’électorat, il est à se demander si le geste de la municipalité d’Hérouxville n’a pas été fait dans le seul but de choquer, sensibiliser et amener les gens à se questionner d’avantage. Si L’iman Saïd Jaziri réclame la tête du policier chantant strictement pour symboliser l’action et donner une leçon à l’ensemble de la communauté québécoise, Hérouxville a certes le droit de symboliser son geste, d’exprimer une inquiétude bien légitime face à sa lignée presque en voie d’extinction et de vouloir envoyer un message clair et précis aux communautés culturels d’ailleurs. Qu’on t-il fait que la France n’a pas déjà fait ? La situation politique en France permet un avantage que nos dirigeants du Québec ne peuvent même pas envisager. Le Québec se cherche une identité propre. D’un côté le fédéralisme qui a été sauvé par la peau des os justement par le vote ethnique lors du dernier référendum. De l’autre côté, un parti séparatiste qui connaît trop bien l’importance de rallier les immigrants à sa cause. Personne n’ose parler, sauf peut-être Mario Dumont qui ne sait plus trop où se situer au travers notre conjoncture politique. Hérouxville aura fait un pas en avant. Un pas imparfait dans la mesure où certaines clauses semblent exagérées mais tout de même un pas qui les amène à franchir une limite que d’autres n’ose franchir.
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Je suis cuisinier de profession. Quelques semaines avant noël, je me suis vu offrir un travail dans un organisme communautaire qui prépare les repas des enfants à trois différentes écoles du quartier Rosemont/Petite-Patrie en plein cœur de Montréal. Trois cents cinquante repas par jour. Administrée par une personne d’origine marocaine / musulmane, le porc ne figure nulle part sur les menus. On le dit défendu, presque prohibé, non seulement par l’organisation en question mais aussi par l’ensemble de nos institutions d’éducation (CSDM) simplement par respect pour les autres cultures (largement minoritaires) qui rejettent l’animal. Je n’ai pas poussé l’enquête à savoir si oui ou non, la CSDM rejetait le porc dans chacune de ses écoles mais une chose est certaine, là ou je travaillais, le porc ne pouvait être considéré pour quelques raisons que se soit, ni pour les enfants des écoles, ni pour les employés de la maison, à majorité pro-porc. Vous allez me dire qu’il n’est PAS ici question d’accommodement raisonnable, je vais vous répondre que tout est relatif à votre titre hiérarchique dans l’entreprise pour laquelle vous travaillez. Le Coran dans un futur ministère, est-ce éventuellement possible ?
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La question n’est pas ici de savoir si le porc est sain ou non pour la santé ou de savoir si la bête doit être considérée comme un déchet de la nature, il est question d’accommodements qui transforment les coutumes d’un peuple établi par d’autres de manières irraisonnables. Il est aussi question d’un peuple, dirigé par des politiciens qui marchent sur des œufs, qui a peine à définir où est la véritable ligne entre la tolérance et le respect de sa propre culture, sa propre identité. Je crois que je comprendrais bien rapidement la différence entre les deux si j’avais l’audace d’aller annoncer un jambon à l’érable dans le restaurant d’un pays assujetti par une religion qui condamne le porc.
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Que se soit à Montréal, à Hérouxville ou dans toute autres régions du Québec, je crois qu’il est légitime que le québécois s’exprime face à une situation aussi inquiétante. Fermez les yeux pour les ouvrir une cinquantaine d’années plus tard, c’est peut-être attendre de devenir soi-même une minorité. À une époque où le reste du monde se situe au bout des doigts, les efforts des personnes qui ont jadis trimés dure, envers et contre tous, pour protéger la culture québécoise, doivent être adaptée à la réalité d’aujourd’hui. À l’ère d’Internet, les frontières dépassent largement celles entourant géographiquement le Québec. Les comparaisons nous opposent la plupart du temps à la France en raison de la langue mais qu’en est-il de l’Italie, l’Allemagne et tout ces autres pays entourés par des cultures diamétralement opposés à la leur ? Comment réagissent-ils pour préserver leur identité propre ?
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Il reste toujours la pensée universelle, celle qui prétend que chaque homme et chaque femme est une étoile, que chaque être humain sur terre détient et dispose de la terre sous ses pieds comme il l’entend. Ou bien le québécois s’affirme pour préserver ce qu’il est, pour lui mais aussi pour les générations futures, ou bien il brandi le drapeau blanc et accepte de partager sans retenue. Dans un tel cas, il devra se préparer mentalement, parce que viendra sûrement un temps où on lui fera avaler cette belle vision d’esprit libre. À ce moment là, peut-être aura-t-il à faire comme tout le monde en sortant son tapis et en se courbant pour implorer Allah.
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À lire aussi :
Commentaire de Luc Bertrand sur le Blog de Patrick Lagaçé
Opinion de Nourredine Seddiki apparut dans divers quotidiens de Montréal
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Mon voyage à Hérouxville (1) de Richard Martineau 21 mars 2007
Mon voyage à Hérouxville (2) de Richard Martineau 22 mars 2007
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Hérouxville se dote d'un code de conduite

Le 27 janvier 2007 - 15:13
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Hérouxville se dote d'un code de conduite AgenceNews
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La petite municipalité de Hérouxville, située près de Grand-Mère, en Mauricie, a décidé de s'attaquer aux accommodements raisonnables. Un code de conduite a été adopté jeudi dernier par le maire et les six conseillers. On peut y lire que les hommes et les femmes ont la même valeur. Le code qui a été rédigé par un des conseillers, André Drouin comporte un code de conduite de cinq pages destiné aux immigrants, qui définit les comportements que la municipalité juge acceptables. Le document est appuyé par le maire et l'ensemble du conseil municipal. Les normes de Hérouxville stipulent aux éventuels immigrants que les Québécois ont l'habitude de faire des sapins de Noël, qu'ils se font soigner indifféremment par des hommes ou des femmes, que les viandes de porc et de boeuf se côtoient sur l'étal du boucher et que les garçons et les filles se baignent ensemble dans la même piscine. Le code affirme aussi qu'à Hérouxville, le port du kirpan ne sera pas accepté dans les écoles, ni l'aménagement de locaux de prière. Le document se prononce sur le fait de se voiler le visage. Hérouxville impose comme norme de se montrer à visage découvert en tout temps dans les lieux publics. « La seule exemption possible à cette règle se produit à l'Halloween », nous informe-t-on. Le conseil municipal est bien conscient que le code de conduite dont il est l'instigateur n'a aucune valeur juridique. André Drouin affirme qu'on veut plutôt l'utiliser pour lancer le débat, et pour pouvoir dire noir sur blanc aux immigrants comment ils doivent s'attendre à vivre s'ils choisissent Hérouxville. Jusqu'à maintenant, la municipalité ne compte aucun immigrant parmi ses résidants.

samedi 27 janvier 2007

RÉPONSE À UN IMMIGRANT DU QUÉBEC

Réponse de M. Serge Verdon à M. Vahid Agha suite à un texte paru dans la rubrique Politique Québec-Canada du FORUM politiquebec
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M. Vahid Agha a écrit:
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Comme j’avais promis auparavant, je lance cette rubrique pour discuter avec vous le souverainisme au Québec. Pourtant, j’aimerais souligner le fait que je présenterai mes idées en tant qu’un immigrant qui s’est récemment fixé au Québec. Si vous pensez que je me plains de beaucoup de choses au Québec et que je dois abandonner cette province (comme un raciste parmi vous qui s’appelle Lansquenet a énoncé dans sa réponse à mes questions dans une autre rubrique), vous simplement évitez le problème puisque ce n’est pas la façon les provinces anglophones réagissent à dissentiment. Par conséquence, vous pouvez clairement vous rendre compte de la raison pour laquelle les provinces comme Ontario et Colombie Britannique profitent de la prospérité tandis que la province de Québec n’a jamais pu s’adapter aux nouveautés technologiques et pensées modernes du monde. C’est indéniable que les trucs des anglais durant l’arrivée des français an Amérique du Nord vous ont empêché d’atteindre la stabilité (comme l’époque jusqu’à la révolution tranquille nous le montre). Cependant, on ne peut plus attribuer tous aux anglais depuis que le Canada est devenu un état bilingue sous le leadership de Trudeau. Le Québec en a bénéficié énormément.
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Je voudrais présenter mon analyse d’une perspective économique et sociale. Commençons avec l’économie : Comme vous en êtes au courant, la province du Québec dépend des investissements extérieurs pour améliorer son économie. Une comparaison simple entre la majorité des états américains et canadiens exhibera le fait que le Québec soit économiquement derrière ces états . J’ai toujours été étonné d’entendre les défenseurs de souverainisme dire que des que le Québec devient un état indépendant, il sera une nation qui va prospérer économiquement. Quand je leur pose la question de « sur quoi l’économie québécoise peut s’appuyer » après l’indépendance, tous me disent que « Hey, nous avons de l’Hydro ! ». Oui, c’est vrai, le Québec a de l’Hydro, mais est-ce soi-même suffisant pour apporter la prospérité ? Pour prendre son essor économique, le Québec doit trouver des façons d’être attrayant aux investisseurs. C’exigerait également l’arrivée des immigrants à votre terre pour vous apporter la richesse culturelle ainsi que vous fournir le main d’œuvre dont la province du Québec aurait besoin pour améliorer son économie.
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Vous avez tout le droit de dire que « Hey, nous n’avons pas besoin des immigrants » ou « ces immigrants volent des boulots de nous et ils ne peuvent pas se bien intégrer à notre culture et notre société ». Ce qui je trouve incroyable c’est que dans ce forum, les gens n’ont pas l’air d’avoir de patience d’être critiqué par les immigrants . Ca me fait douter votre compréhension de démocratie. Dans les démocraties, les gens ne sont pas privés de droit de critiquer les choses. En fait, les nouvelles perspectives que les immigrants apporteront à votre terre vous permettront à vous bien développer culturellement et économiquement (ici, le mot vous s’applique au Québécois, pas à l’ensemble du Canada). Ceci dit, je trouve que les provinces comme l’Ontario et la Colombie Britannique ont atteint la prospérité pour avoir créé un milieu magnifique pour les immigrants. Pourrions-nous dire la même chose pour Québec ?
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Pourtant, pourquoi est-ce que les immigrants du Québec qui se sont installés principalement à Montréal n’endossent pas le souverainisme du pays ? Vous pourriez m’accuser jusqu’à l’éternité en me disant que je doit me sentir chanceux pour étant venu ici au lieu de rester dans mon pays natal, mais ça vous fera échapper à la réalité. Pourtant, ce n’est ne pas seulement les immigrants qui se sont rendus compte d’un avenir sombre qui entourera le Québec après son indépendance. Vos propres intellectuels et les gens bien instruits quitte cette province grâce aux problèmes ignobles qu’ils rencontrent dans la mentalité québécoise. Le site web suivant le démontre très clairement :
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Par ailleurs, vous pourriez toujours réagir à la réalité en course d’une façon suivante :
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* Vahid, ça sonne hindou... et les probabilité qu'un hindou écrive en français...
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* Traiter faussement une personne de minable et de raciste ne se fait pas…
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* Va dont vivre en Afghanistan peut-être qu'après tu nous apprécieras…
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* Ha Ha! In your face!...
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* Arrêtez de lui répondre, c'tun troll!!...
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Avec les réactions ci-dessus qui évoquent une immaturité démocratique, je me demands comment vous pourriez établir un état de prospérité même après votre séparation du Canada. Ce qui je trouve tout à fait étrange, c’est que chaque fois que je discute un sujet controversé avec les anglophones du Canada, je peux avoir une discussion plein de maturité ; en d’autres mots, je ne suis pas critiqué pour avoir tenté les critiquer.
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Pour ceux qui se demandent la raison pour laquelle je me suis installé au Québec malgré que j’ais l’air d’être un ardent détracteur de beaucoup de choses dans cette province : J’aime cette province et je crois fortement que cette province possède le potentiel de prospérer dans plusieurs domaines si la mentalité ici change. Je suis fasciné par l’identité bilingue du Canada qui je totalement respecte. Cependant, dans vos luttes interminables de prévenir le choc démographique du Québec (Comme le magasine de L’Actualité l’avait intitulé, Un Québec Léger, Léger), vous devriez changer votre mentalité et vous adapter aux réalités du monde. Pour réussir au marché concurrentiel du l’Amérique du Nord, le Québec doit adopter l’immigration comme un composant incontournable de ses politiques futures.
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Alors tout le monde, n’hésiter pas à vous moquer de moi s’il vous plait. En évitant de voir la réalité, je ne serai pas la personne perdant cette bataille de prospérité…..Je peux toujours retourner en Ontario….
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M. Serge Verdon a écrit:

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J’ai adoré vous lire M. Vahid Agha… Tout d’abord, laissez-moi vous félicité d’avoir émis votre opinion dans un superbe français. J’ignore depuis combien de temps vous habitez le Québec mais laissez-moi vous dire que vous vous exprimez déjà beaucoup mieux qu’un nombre très important d’anglophone qui habitent la province depuis toujours.
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Vous mettez beaucoup d’emphase M. Vahid Agha sur les gens qui se moquent de vous et vous ne devriez pas. Dans toutes les villes, dans toutes les provinces et dans toutes les pays du monde, il y aura toujours quelqu’un pour dénigrer votre opinion, qu’elle soit blanche ou noire. C’est donc très important de se tenir bien droit et surtout, éviter de jouer la carte du petit immigrant minoritaire incompris. Vous êtes d’abord et avant tout un être humain à part entière et votre nouvelle terre s’appelle le Québec. Vous avez droit à vos opinions et personne ici, n’est en droit de vous forcer à suivre une ligne de pensée. Cependant, la liberté d’expression donne à tous le monde le droit de critiquer ou même ridiculiser une opinion. J’avoue que c’est parfois déplaisant mais c’est ainsi. Vous auriez tort je crois de généraliser en pensant que l’opinion de quelques individus reflète l’ensemble de la population du Québec. J’ose espérer que vous habitez la province depuis suffisamment de temps pour être en mesure de comprendre que le Québec est avant tout une merveilleuse terre d’accueils pour tous les gens du monde.
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Il est faux M. Vahid Agha de penser que la seule richesse du Québec se situe au niveau de l’électricité. Les forêts sont omniprésentes ici. Immenses, majestueuses, parsemées de milliers de lacs et de rivières, elles jouent un rôle de premier plan, tant du point de vue économique, social qu'environnemental. L'histoire minière de la province remonte pratiquement à la découverte de l'Amérique du Nord, alors que Jacques Cartier avait cru avoir trouvé des diamants et de l'or à Québec, sur le flanc du cap Diamant. La découverte du premier gisement de plomb, en Abitibi-Témiscamingue, remonte à 1686, Ce même gisement est exploité pour le plomb, le zinc et l'argent dans les années 1890. Plus tard, c’est l’amiante qu’on exploitera dans différents coins du Québec.
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Vous me faites sourire M. Vahid Agha lorsque vous mentionnez, site Internet à l’appui, que nos intellectuels quittent le Québec pour se réfugier ailleurs au Canada, aux États-Unis ou autres continents dans le seul but de fuir une province en déroute. 59 témoignages de personnes qui ont quittés le Québec, 129 de personnes qui voudraient le faire et 22 qui veulent revenir. Un argument un peu faible, vous ne trouvez pas ? Partout dans le monde, les gens quittent leur pays pour différentes raisons. N’en n’êtes vous pas la preuve ?
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Vous êtes important pour moi M. Vahid Agha parce que vous partagez maintenant mon pays natal qu’est le Québec. Je vous demanderais avec toute la gentillesse du monde de laisser les ignorants vous insulter sans broncher et prendre la place qui vous revient dans ce pays qui est maintenant VÔTRE. Je vous demanderais également de chercher à comprendre ce qui pousse tant le Québécois de souche à vouloir prendre les rênes de sa destinée. OUI nous sommes différents du reste du CANADA mais vous seriez dans l’erreur si vous pensiez que c’est la seule raison pour laquelle nous voulons faire du Québec un pays. Nous sommes en mesure de cohabiter avec les gens de tous les pays du monde, Montréal est une des villes les plus cosmopolites et elle le restera. Vous avez parfaitement raison lorsque vous mentionnez que l’immigration apportera une dimension économique et culturelle encore plus riche à notre territoire.
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Nous sommes également en mesure de cohabiter avec le Canada anglais lorsqu’il est seulement question de la langue ou des différences. Cependant, la question de la souveraineté est beaucoup plus importante qu’une simple question de différences. Il faut se demander si les dix provinces du Canada n’aurait pas la capacité de transiger entre elles mais tout en s’autogérant sans passer par un gouvernement central fédéraliste. La superficie du Canada est beaucoup trop grande pour être administré par un gouvernement central unique. Dans tout le monde entier, seul la Russie et les États-Unis d’Amérique ont des territoires aussi vastes à gérer. Si le mot "évolution" indique une transformation graduelle et progressive, où serait le mal de modifier en cours de route la ligne de pensée dictée par les fonfateurs du Canada il y a de celà 500 ans ? Sommes-nous obliger de poursuivre la vision et l'idéal de nos ancêtres ou est-ce que le bien-être de tout les canadiens prime d'abord et avant tout en ce vingt et unième siècle ? Faut-il vous rappeler que la Russie a éclaté, que sa population vit dans la pauvreté et que les américains pataugent dans une corruption irrécupérable ? Les 45 premières minutes du documentaire Fahrenheit 9/11 de Michael Moore, un américain par surcroît, nous présentent clairement la possibilité que les élections américaines aient été truquées. Si cette possibilité devient réelle, la démocratie n’existe plus. Nous n’avons pas encore atteint le degré de corruption des américains mais les derniers scandales canadiens tentent à démontrer que le problème est bien présent malgré un bassin de population moindre. Surtout, les derniers scandales indiquent qu’autant du côté du gouvernement que du côté de la population, le problème est banalisé. Nous trouvons normal et acceptable la corruption chez les hommes qui dirigent notre peuple. Ça, mon cher monsieur, c’est le début de la fin… Les gens ont peur M. Vahid Agha. La vertu des scénarios catastrophiques, c'est qu'ils sont invérifiables et que, pour les tester, il faudrait procéder au changement. Ils sont efficaces parce qu'ils jouent sur le sentiment d'incertitude et sur la crédibilité de ceux qui les tiennent, soit les économistes et les hommes d'affaires.
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Devons-nous attendre que la détérioration prenne l’ampleur de celle vécue par nos voisins du sud ? Nous ne sommes pas des imbéciles M. Vahid Agha et nous savons très bien que la corruption existera aussi dans un Québec souverain, mais en supprimant un gouvernement, nous augmentons nos chance de diminuer le fléau qui se propage de l’océan Pacifique à l’océan Atlantique à l’heure actuelle. L’argent que nous déboursons en impôt au fédéral demeurera ici et sera investi ici et nulle part ailleurs. Elle sera aussi manipuler par beaucoup moins de fonctionnaires. Lorsque vous mentionnez que vous prévoyez un avenir sombre pour un Québec indépendant, vous démontrez non seulement un manque de confiance envers l’ensemble du peuple québécois, mais également un manque de confiance envers vous-même et tous les nouveaux québécois d’origines étrangères à venir M. Vahid Agha. Avant d’être Canadien ou Québécois, nous sommes des hommes et des femmes capables de gérer notre propre économie, notre propre destinée. Nous avons besoin de vous M. Vahid Agha, nous avons besoin que vous puissiez penser, ne serait-ce qu’un instant qu'il ne s'agit pas ici d'un rêve réalisable ou non, mais bien de d'une intention par un peuple de se prendre en main grâce à un effort soutenu de tous et chacun. Nous avons besoin que vous remplaciez la peur par des idées constructives qui seront bénéfiques à votre nouveau pays, un Québec libre et fort.
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Serge Verdon (Sept de Montréal)
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POURQUOI LA SOUVERAINETÉ ?
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1. Parce que le Québec a tous les attributs d'un pays
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Sur plus de 200 pays, 18 seulement ont un territoire plus grand que celui du Québec, lequel couvre une superficie de 1,6 million de kilomètres carrés. Le Québec, c'est plus de 3 fois la France et 5 fois le Japon.
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Avec ses 7,4 millions d'habitants, le Québec se compare à des pays comme la Suisse (6,8 millions), la Norvège (4,5 millions), le Danemark (5,1 millions) et la Finlande (5,6 millions). En fait, sa population est supérieure à plus de 120 pays siégeant à l'ONU.
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La taille de l’économie québécoise se compare à celle de plusieurs pays européens, notamment la Finlande, la Norvège, le Danemark, la Suisse, l’Autriche et la Suède. Son produit intérieur brut dépasse les 188 milliards de dollars et son PIB par habitant surpasse de 5% la moyenne de l’OCDE.
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Le Québec est à proximité du plus grand marché mondial : dans un rayon de 1 000 km autour de Montréal, on compte plus de 100 millions de consommateurs.
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2. Pour relever le défi de la mondialisation
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En tant que province, le Québec subit la mondialisation. État souverain, il se donnera la capacité d’agir. C’est ce qu’ont compris des dizaines de nouveaux pays membres de l’Organisation des Nations unies qui, depuis les dix dernières années, s’épanouissent à l’échelle de la planète.
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26 nouveaux pays se sont joints à l’ONU depuis dix ans. Qu’attend le Québec ?
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1992 : Bosnie-Herzégovine, Croatie, Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie, Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, République de Moldova, Saint-Marin, Slovénie, Tadjikistan, Turkménistan
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1993 : Andorre , Érythrée, Macédoine, République slovaque, République tchèque, Monaco
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1994 : Palaos 1999 : République de Kiribati, République de Nauru, Royaume des Tonga
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2000 : Tuvalu
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2002 : Suisse, Timor Oriental
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2006 : Montenegro
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Liste des 192 États Membres de l'Organisation des Nations Unies et date à laquelle ils ont été admis comme membre de l'Organisation.
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La souveraineté est un passeport vers l’international. En effet, la voix du Québec doit être entendue dans les organisations internationales et elle ne le sera pas tant qu’il sera réduit à un statut de province sous tutelle canadienne.
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Des décisions majeures, qui touchent directement les Québécoises et les Québécois, seront prises aux tables internationales où le gouvernement central du Canada prétend nous représenter. Le Québec doit y être en tant que nation qui parle en son nom.
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3. Parce que le Québec a les moyens de faire la souveraineté
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Les appréhensions inspirées par la situation budgétaire et économique prévalant en 1995 ont freiné l’élan vers la souveraineté. À cette époque, le Québec sortait péniblement d’une récession économique. Une étude actuarielle évaluait alors le déficit d’un Québec souverain à plus de 15 milliards de dollars.
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Aujourd’hui, un Québec souverain serait dans une situation de surplus budgétaire avant même que ne soient réalisées les économies découlant de l’élimination des dédoublements et des chevauchements fédéraux. Et cela, en raison des formidables efforts de redressement budgétaire qu'ont fait les Québécoises et les Québécois pour atteindre le déficit zéro.
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Le Québec joindrait le concert des nations fort d’une situation économique enviable qui le place parmi les vingt pays les plus riches au monde.
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Depuis 1995, le Québec ne cesse de surprendre par le dynamisme de son économie, sa performance dans des secteurs de pointe, la croissance de ses investissements, la progression de ses exportations et la formidable poussée de l’emploi.
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Cette incontestable réussite économique n’est pas seulement un puissant antidote à la peur distillée par les fédéralistes, c’est l’un des meilleurs arguments pour un Québec souverain.
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4. Pour réaliser notre projet de société
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Un Québec souverain se réalisera pleinement en fonction de ses propres valeurs. Il n’aura plus à se soumettre à des lois ou des normes pancanadiennes qui font fi de son identité, car il aura les pleins pouvoirs législatifs.
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Par exemple, Ottawa empêche le Québec d’offrir un programme de congés parentaux adapté aux nouvelles réalités du travail. Ce programme nous permettrait pourtant d’avancer vers une société plus juste.
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5. Parce que le Canada est incapable de se réformer
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Ce que nous avons vécu depuis 1995 démontre – si besoin était – que le fédéralisme canadien est incapable de s’ajuster à la volonté des Québécoises et des Québécois de mieux maîtriser leur destin.
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Au contraire ! Non seulement, Ottawa refuse de reconnaître l’existence du peuple québécois et tente de lui nier, avec l’inique loi C-20, le droit de disposer librement de son avenir, mais il ne cesse de réduire la marge de manœuvre et l’autonomie du Québec. Chaque jour, le Canada devient plus unitaire. Et le gouvernement fédéral se sert de ses surplus pour tenir la dragée haute aux provinces, étranglées par leur situation budgétaire.
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L’entente sur l’union sociale canadienne est l’exemple parfait du préjudice que subit le Québec en tant que province. Signée en février 1999 par le gouvernement fédéral et les provinces du reste du Canada, malgré l’opposition ferme du Québec, elle prévoit une reconnaissance aussi explicite qu’inédite du pouvoir fédéral de dépenser, ce qui permet à Ottawa d’empiéter impunément dans les champs de compétence des provinces.
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Cela ouvre toutes larges les portes à des initiatives comme celle de la Fondation des Bourses du millénaire, créée par le gouvernement de Jean Chrétien sans tenir compte du régime québécois d’aide financière aux étudiants.
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6. Parce que l'argent d'Ottawa, c'est notre argent !
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Pendant que les surplus s’accumulent dans les coffres d’Ottawa, le Québec fait face à des dépenses essentielles qui croissent à un rythme dangereusement élevé.
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C’est notamment le cas en santé, car le vieillissement de la population entraîne une demande accrue de services. La santé représente actuellement 40% du budget québécois et on estime qu’en 2010, cette proportion atteindra les 50%. La souveraineté permettra de récupérer les quelque 33 milliards de dollars de taxes et d’impôts versés par les Québécoises et les Québécois au gouvernement fédéral, ce qui dégagera une marge manœuvre pour investir en santé.
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Bref, un Québec souverain pourra gérer l’ensemble de ses recettes fiscales en fonction de ses propres intérêts.
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7. Parce que la Cour suprême a reconnu la légitimité du projet souverainiste
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Malgré les espérances et les pressions du gouvernement de Jean Chrétien, l'avis de la Cour suprême rendu en 1998 a, somme toute, validé la démarche proposée lors du référendum de 1995. Le gouvernement fédéral et le reste du Canada se sont vu imposer l'obligation de négocier avec le gouvernement du Québec au lendemain d'un vote référendaire favorable à la souveraineté.
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Et le Québec n'est nullement lié par la loi fédérale C-20 concocté par Stéphane Dion. Cette loi inique n'est qu'une tentative d'Ottawa de se soustraire à l'expression démocratique du peuple québécois et à l'obligation constitutionnelle de négocier de bonne foi les modalités d'accession du Québec à la souveraineté.
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8. Pour une nouvelle relation de confiance avec les Premières nations
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Les ententes de partenariat que le Québec a établies avec les Premières nations ont éliminé un obstacle possible à l’accession à la souveraineté, car l’opinion internationale est très sensible aux droits des minorités. Or, comme le constate le professeur Bradford W. Morse dans une mise à jour d’une étude de la Commission Bélanger-Campeau, la feuille de route du Québec en la matière est impressionnante par rapport à celle des autres provinces canadiennes et d’autres pays.
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Le 24 octobre 2001, le grand chef des Cris, Ted Moses, a déclaré : «Nous, les Cris, sommes des résidents permanents et nous continuerons de vivre dans le nord du Québec peu importe ce qui arrivera. Si le Québec devient souverain, nous ne bougerons pas.» On ne saurait être plus clair !
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9. Pour relever le défi démographique
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Un Québec souverain pourra gérer l’immigration et la citoyenneté, améliorer le pouvoir d’attraction du français comme langue commune et ainsi faciliter l’intégration des Québécoises et Québécois issus de l’immigration à la nation québécoise.
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L’apport particulier des nouveaux arrivants ajoute à notre qualité de vie collective et favorise l’ouverture de notre société sur le monde. Mais il faut aussi faire en sorte que ces nouveaux concitoyens développent un sentiment d’appartenance au Québec, qu’ils se sentent Québécois.
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Dans un Québec souverain, les nouveaux arrivants ne seront plus confrontés à deux modèles identitaires concurrents :
l’un, canadien, prétendument fondé sur le bilinguisme et le multiculturalisme, mais qui, dans les faits, ne produit qu’une assimilation inexorable à la majorité anglo-canadienne; l’autre, québécois, valorisant la langue française comme langue publique commune et la citoyenneté québécoise.
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On mettra ainsi fin aux distorsions dans les symboles, les orientations politiques et les actions qui ont pour effet de multiplier les tensions identitaires.
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10. Pour consolider et faire prospérer notre identité culturelle propre
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Le Québec est le seul territoire d'Amérique où la langue et la culture française reposent sur des assises suffisamment solides pour que le français ne recule pas. Partout ailleurs au Canada, l'irrésistible mouvement d'assimilation cause des ravages incessants et irréparables.
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Toutefois, plus de 25 ans après l'adoption de la Charte de la langue française, la situation du français demeure fragile, notamment sur l'Ile de Montréal. Plusieurs dispositions importantes ont été successivement invalidées par les tribunaux canadiens.
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À l'aube de ce nouveau siècle, il est temps que le Québec se définisse clairement comme une terre de langue française et de culture québécoise et que son gouvernement puisse procurer à cette langue et cette culture la protection et les ressources nécessaires à leur plein épanouissement.

Le référendum du 30 octobre 1995 : une analyse des résultats Pierre Drouilly - Université du Québec à Montréal

Note(s) Le site original vous dirige ici vers les différents tableaux présentés au cours de cette analyse.
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Un dirigeant communiste français, qui venait de se faire battre dans un congrès par une voix de majorité, s'était exclamé avec indignation: «Mais qui donc a voté contre moi?» On pourrait faire la même remarque devant les commentaires exprimés par plusieurs à la suite du référendum du 30 octobre 1995. Avec une aussi faible majorité pour le NON (54 288 voix), les souverainistes pourraient en effet être tentés de désigner plusieurs responsables de cette défaite du OUI: les anglophones, les allophones, les électeurs de la région de Québec, les électeurs francophones de l'Outaouais, les électeurs plus âgés, les électrices, les électeurs hors Québec, les Amérindiens, les votes annulés, les abstentionnistes, et finalement n'importe quelle combinaison de circonscriptions dont la somme des majorités pour le NON totalise plus de 27 144 voix (il doit exister plusieurs milliers de ces combinaisons). Cela n'est pas sérieux!
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Il est beaucoup plus intéressant d'analyser les résultats du référendum, et de tenter de comprendre ce qui s'est produit le 30 octobre 1995.
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La réussite des sondages
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Après les difficultés rencontrées par les sondages durant la campagne électorale de 1994, alors qu'ils prévoyaient une victoire bien plus importante du Parti québécois que celle à laquelle on assista finalement, au cours de la campagne référendaire de 1995 les sondages se sont révélés fort précis. Bien entendu, cette précision fut acquise aussi grâce à une méthode de pondération plus réaliste des répondants discrets qui, plutôt que d'être répartis proportionnellement aux répondants qui ont exprimé une opinion, doivent plutôt être répartis davantage en faveur du camp fédéraliste. Nous avons nous-mêmes proposé, suite à une analyse des sondages publiés au cours des campagnes électorales depuis 1970, de répartir les répondants discrets dans des proportions de un quart pour le OUI et trois quarts pour le NON [Notes 1 ] . Comme le révèle le tableau 1, alors que la répartition proportionnelle des répondants discrets aurait laissé croire, en fin de campagne, que le OUI l'emporterait par environ 52-53 %, notre méthode de répartition, que nous appelions la répartition réaliste (les trois quarts des répondants discrets au NON et un quart au OUI), prévoyait, dans les derniers sondages, un résultat qui s'écarte de moins de 0,1% du résultat final. Avec cette pondération réaliste, aucun des 23 sondages réalisés durant la campagne référendaire n'a anticipé une victoire du OUI. C'est sur la base de cette pondération réaliste que nous avions nous-mêmes, la veille du référendum, prévu à RDI un résultat de «50-50 pour le NON». Il semble, par contre, que les dirigeants souverainistes, et Jacques Parizeau en particulier, comme en fait foi le reportage de Stéphane Bureau diffusé à TVA le surlendemain du référendum, s'attendaient à une victoire serrée du OUI sur la base des derniers sondages de la campagne référendaire.
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Ce que révèlent aussi les sondages, lorsqu'ils sont interprétés correctement avec une pondération réaliste des répondants discrets, c'est qu'en tout début de campagne électorale, le OUI se situait aux alentours de 42%, c'est-à-dire qu'il recevait l'appui de tout juste 50% des électeurs francophones. Mais dès la dernière semaine du mois de septembre, le OUI amorce une remontée qui se poursuivra jusqu'au jour du vote: cette remontée a donc commencé avant la nomination de Lucien Bouchard comme négociateur en chef. L'«effet Bouchard», dont on a tant parlé, a donc été sans doute moins important que ce que l'on en a dit, puisque la remontée du OUI précède de deux semaines son intronisation à titre de chef du camp du OUI (le 7 octobre): mais évidemment l'arrivée de Lucien Bouchard n'a pu que consolider, et peut-être amplifier, cette remontée du OUI dans les sondages. Le NON a fait un gain de 174 657 voix entre 1980 et 1995 [ Notes 2 ] , alors que le OUI a fait un gain de 822 509 voix, avec une augmentation d'un peu plus de 700 000 électeurs inscrits (tableau 2). Si l'on tient compte non pas du résultat du référendum calculé par rapport aux votes valides, mais par rapport aux électeurs inscrits (tableau 3), ce qui mesure mieux le niveau réel des appuis et permet des comparaisons dans le temps qui fassent abstraction de la participation électorale, on constate qu'avec 46,4% des électeurs inscrits, le NON a moins bien fait qu'en 1980 (il avait alors 50,1% des électeurs inscrits). Par contre, le mouvement souverainiste réalise, en 1995, son second meilleur score historique, avec 45,4% des électeurs inscrits (11,4 % de plus qu'en 1980, alors que le OUI avait obtenu l'appui de 34,0% des électeurs inscrits), à peine moins que le NON de 1992 à l'entente de Charlottetown (45,9% des électeurs inscrits et 56,7% du vote valide), et en progression très nette par rapport au score record du Parti québécois en 1981 (40,2 % des électeurs inscrits), ou même au résultat du Bloc québécois en 1993 (36,7% des électeurs inscrits) et bien entendu à celui du Parti québécois en 1994 (35,8% des électeurs inscrits).
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La presque victoire du OUI ne résulte pas uniquement du transfert d'électeurs ayant voté NON en 1980 vers le camp du OUI en 1995: le OUI a récolté des voix, en 1995, parmi les nouveaux électeurs, jeunes et francophones. Ceux-ci, qui correspondent aux personnes nées entre 1962 et 1977, sont au nombre d'environ un million et quart, ce qui a accru le corps électoral d'environ 700 000 personnes. La différence entre les deux derniers chiffres correspond aux décès survenus entre 1980 et 1995 et dont la plupart étaient des électeurs: compte tenu que tous les sondages indiquaient en 1980 que l'électorat du NON était nettement plus âgé que celui du OUI, le NON de 1980 a perdu en 1995 une partie de ses électeurs (décès des électeurs plus âgés). Les transferts politiques d'un camp à l'autre entre 1980 et 1995 sont donc moins importants que les gains et pertes de chaque camp entre ces deux dates. C'est bien ce que signifie l'accroissement plus faible du OUI de 1995 par rapport au OUI de 1980 (+ 174 657 voix) comparé à l'augmentation plus forte du OUI de 1995 par rapport au OUI de 1980 (822 509 voix), les chiffres bruts étant fonction de ces trois phénomènes (naissances, décès et transferts politiques). En conclusion, les gains absolus du OUI en 1995 sont plus importants que les gains absolus du OUI, et les gains relatifs du OUI sont plus importants que les pertes relatives du OUI.
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Le noyau le plus dur du bloc fédéraliste, composé chez les francophones des personnes plus riches, plus âgées ou moins scolarisées [ Notes 3 ] auxquelles s'ajoutent les anglophones et les allophones, n'a pas été très sérieusement entamé au cours du référendum de 1995. Dans le cas des francophones, la mortalité naturelle érode cet électorat fédéraliste dans la mesure où les jeunes générations sont socialisées dans une culture politique plus nationaliste qui, depuis maintenant 20 ans, est dominante dans la société québécoise, tandis que chez les non-francophones le renouvellement des générations assure la reproduction du bloc fédéraliste.
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Par rapport au référendum de 1980, le OUI a progressé dans 19 circonscriptions [Notes 4 ] : il s'agit essentiellement de circonscriptions à forte composante non francophone (Ouest et Nord-Est de l'île de Montréal) auxquelles s'ajoutent les circonscriptions de l'Outaouais (Chapleau, Gatineau, Hull) et la circonscription d'Ungava. Le OUI de 1995 a progressé par rapport au OUI de 1980 dans 106 circonscriptions très majoritairement francophones, à l'exception toutefois de la circonscription de Beauce-Sud dans laquelle il a subi un léger recul de - 0,6 %. Mais globalement les deux référendums se ressemblent fortement puisque le vote de 1995 a une corrélation de 0,900 avec celui de 1980.
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Un référendum exemplaire
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On ne soulignera jamais suffisamment le caractère tout à fait exceptionnel de la participation électorale au cours du référendum de 1995: avec 93,5 % des électeurs qui ont voté, il ne s'agit pas seulement d'un record absolu pour une consultation québécoise et même canadienne, 8% de plus que lors du dernier record historique depuis le début de la Confédération [ Notes 5 ] , réalisé lors du référendum de 1980 (participation de 85,6%), il s'agit sans doute aussi d'un record dans les sociétés démocratiques, qui fait honneur à la démocratie québécoise. Même les pays dans lesquels le vote est obligatoire (comme la Belgique ou l'Autriche) atteignent difficilement les 90% de participation électorale, alors que dans les grandes démocraties ce taux se situe en général en dessous de 80% ou de 70% (69,6% à la dernière élection fédérale de 1993 dans l'ensemble du Canada), et même parfois en dessous de 60 %, comme aux États-Unis.
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Une analyse de cette participation électorale, à travers les 125 circonscriptions du Québec (cartes 5 et 6), révèle qu'elle varie de 96,5 % dans Marguerite-d'Youville à 84,6 % dans Ungava: elle est supérieure à 95 % dans 23 circonscriptions et inférieure à 90% dans seulement six circonscriptions. De plus, l'analyse statistique montre que la corrélation entre le taux de participation et la composition linguistique des circonscriptions est très faible (corrélation de - 0,275 entre le taux de participation et le pourcentage de francophones, corrélation de + 0,327 avec le pourcentage d'anglophones, et corrélation non significative avec le pourcentage d'allophones; de plus ces trois corrélations deviennent non significatives dans la région de Montréal). Les légères différences de taux de participation sont davantage liées à la composition sociale des circonscriptions qu'à leur composition linguistique, comme c'est toujours le cas [Notes 6 ] : comme c'est habituel, les banlieues votent davantage (95,2% dans la couronne de Montréal), alors que les régions périphériques s'abstiennent davantage (participation de 89,8% dans le Nord-Ouest, de 90,2% dans le Bas -Saint- Laurent-Gaspésie-Côte-Nord, de 92,6% au Saguenay-Lac-Saint-Jean). Mais dans l'ensemble toutes les circonscriptions, sauf une (Ungava), ont eu au référendum de 1995 un taux de participation supérieur à la participation record de 1980 pour l'ensemble du Québec.
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Les signes avant-coureurs de cette forte participation ont été d'une part l'augmentation considérable du nombre d'électeurs inscrits (près de 200 000 de plus qu'en 1994, soit beaucoup plus que l'accroissement naturel de la population), et d'autre part le nombre élevé de personnes qui ont voté par anticipation (plus de 300 000, c'est-à-dire une fois et demie de plus qu'en 1994).
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La structure de la participation électorale en 1995 à travers les 125 circonscriptions du Québec ressemble davantage à celle du référendum de 1992 (corrélation de 0,922) qu'à celle des élections de 1994 (corrélation de 0,851). Elle s'apparente, en fait, aussi à la participation au référendum de 1980 (corrélation de 0,811). Dans les 125 circonscriptions, le taux de participation s'est accru, tant par rapport à celui du référendum de 1980 que par rapport à celui des élections de 1994.
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Le vote partisan
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En comparaison avec les résultats des élections de 1994, le OUI fait un gain de 556 918 voix par rapport au Parti québécois, soit un gain de 4,6% du vote valide, ou encore un gain de 9,6% des électeurs inscrits, tandis que le NON enregistre un gain de 624 950 voix par rapport au vote du Parti libéral de 1994, soit un gain de 6,2% du vote valide, ou encore un gain de 10,9% des électeurs inscrits.
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Le vote au NON tout comme celui au OUI sont fortement déterminés par les appuis au Parti libéral et au Parti québécois respectivement: la corrélation entre l'appui au NON et le vote libéral de 1994 est de 0,903, et celle entre l'appui au OUI et le vote péquiste de 1994 est de 0,917. Par rapport au vote libéral de 1994, le NON est en progression dans 111 circonscriptions: les plus fortes progressions se produisent dans les circonscriptions dans lesquelles un candidat indépendant en 1994 était venu éroder le vote libéral [Notes 7 ] (D'Arcy McGee + 31,0%, Rivière-du-Loup +28,0%, Louis-Hébert +23,1%, Champlain +8,4%), ainsi que les circonscriptions de la région métropolitaine de Québec (Charlesbourg + 19,5%, Vanler +19,1%, Montmorency + 18,7 %, Chutes-de-la-Chaudière + 17,3%, Limoilou + 16,9%, Lévis +15,7%, Chauveau +14,8% et Taschereau +13,5%). Les plus forts reculs du NON par rapport au vote libéral de 1994 se produisent dans des circonscriptions ayant élu un député libéral ou appuyé fortement un candidat libéral, malgré leur profil sociolinguistique (Chambly -2,8 %, Frontenac - 5,7%, Richmond - 7,4%, Îles-de-la-Madeleine - 18,1%): il s'agit dans ces cas d'une certaine normalisation du comportement électoral référendaire par rapport à celui de 1994.
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Le vote pour le OUI progresse par rapport au vote péquiste de 1994 dans 106 circonscriptions et recule dans les 19 autres. Les plus fortes progressions se retrouvent dans les circonscriptions ayant eu un candidat indépendant notoire en 1994 (Rivière-du-Loup + 27,7%, Champlain + 18,3% et Louis-Hébert + 13,6%, mais pas D'Arcy McGee qui, francophone à seulement 14,9%, n'a voté OUI qu'à 3,6%) ainsi que dans les circonscriptions ayant donné au Parti libéral un vote surévalué en 1994 par la présence d'un candidat prestigieux. Inversement, les plus forts reculs du OUI par rapport au vote péquiste de 1994 se retrouvent dans des circonscriptions dans lesquelles un candidat péquiste prestigieux ou un député de longue date avait obtenu un vote excessivement fort (par exemple Abitibi-Ouest, Arthabaska, Joliette, Labelle, Laviolette, Lévis). Mais cela n'est pas une règle générale: parmi les 16 circonscriptions dans lesquelles le candidat péquiste avait obtenu un vote supérieur à 60% en 1994, neuf (dont les cinq circonscriptions du Saguenay-Lac-Saint-Jean) ont appuyé plus fortement le OUI que le candidat péquiste de 1994. On retrouve aussi parmi les circonscriptions ayant moins appuyé le OUI que le Parti québécois* en 1994 trois circonscriptions de l'Outaouais (Hull - 10,9%, Papineau - 5,1 % et Chapleau - 4,0%), mais on n'y retrouve pas les circonscriptions de la région du Québec métropolitain dont tous les commentateurs ont signalé la tiédeur des appuis au OUI. Cela signifie que la faiblesse du OUI dans la région de Québec était déjà inscrite dans le vote de 1994: en fait, depuis maintenant plus de dix ans, le Parti québécois rencontre des problèmes dans la région de Québec. Ces difficultés remontent aux coupures de 1982 dans la fonction publique, fortement représentée dans la région de Québec: de plus, la promesse solennelle du Parti québécois d'intégrer toute la fonction publique fédérale au lendemain de la souveraineté n'a pas dû aider la cause du OUI dans les rangs de la fonction publique québécoise. L'ironie de la chose, c'est que cette promesse n'a pas non plus, semble-t-il, rassuré les fonctionnaires fédéraux (comme en témoigne le vote très faible du OUI de 1995, tout comme celui de 1980, même parmi les francophones, dans l'Outaouais où l'on retrouve une présence massive de fonctionnaires fédéraux). Ajoutons que cette méfiance des fonctionnaires fédéraux a dû aussi jouer à Québec, où la fonction publique fédérale est aussi très présente.
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Le OUI de 1995 a une corrélation de 0,981 avec le NON au référendum de Charlottetown de 1992 (les corrélations pour le camp fédéraliste sont les mêmes puisqu'il n'y a que deux options dans des référendums). C'est dont dire que le vote de 1995 est à peu près Identique au vote de 1992: en 1995 le OUI obtient à peine 72 246 voix de plus que le NON en 1992, ce qui représente un recul de 7,3% du vote valide (en raison du fort taux de participation en 1995), mais un recul de seulement 0,5% par rapport aux électeurs inscrits. Le NON de 1995, par contre, obtient 653 573 voix de plus que le OUI à Charlottetown, ce qui représente une progression de 7,3% du vote valide, et une progression de 11,3% par rapport aux électeurs inscrits.
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La similitude entre le vote au OUI en 1995 et le vote au NON en 1992 est étonnante: dans 52 circonscriptions, l'écart de voix est inférieur à 1000, dans 43 circonscriptions il est compris entre 1000 et 2000 voix, et il n'est supérieur à 4000 voix que dans deux circonscriptions. Par contre, l'écart entre le NON en 1995 et le OUI en 1992 n'est inférieur à 1000 voix que dans deux circonscriptions, compris entre 1000 et 2000 voix dans neuf circonscriptions, et supérieur à 5000 dans 63 circonscriptions. Cela semble indiquer, si l'on remarque qu'avec un taux de participation de 93,5% les deux camps étaient mobilisés au maximum, que le camp souverainiste a aussi bien fait en 1995 qu'en 1992, mais que le camp fédéraliste a mieux mobilisé ses troupes qu'il ne l'avait fait en 1992. Voilà l'effet sans doute le plus spectaculaire des sondages, qui anticipaient un résultat serré le soir du 30 octobre 1995.
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Le vote linguistique
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Comme dans toutes les consultations au Québec, le facteur linguistique est le facteur déterminant pour expliquer les comportements électoraux.
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L'examen des cartes représentant les circonscriptions qui ont voté OUI ou NON (cartes 3 et 4) révèle déjà l'extrême polarisation sur une base linguistique du vote au référendum [ Notes 8 ] . Alors que le résultat du référendum a été très serré (50,6% au NON et 49,4% au OUI), 80 circonscriptions ont voté OUI et seulement 45 ont voté NON: ce déséquilibre reflète le déséquilibre de la répartition géographique des électeurs selon leur langue maternelle. Alors que presque toutes les régions du Québec ont appuyé le OUI, dans la région de Montréal la tendance du vote épouse très exactement les frontières linguistiques (cartes 12, 13 et 14). Des 45 circonscriptions qui ont voté NON, on n'en compte que 12 ayant une proportion de francophones supérieure à celle de l'ensemble du Québec, alors que seulement cinq des 80 circonscriptions qui ont voté OUI ont une proportion d'électeurs francophones inférieure à celle de l'ensemble du Québec.
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Partout au Québec la présence d'un électorat non francophone fait baisser proportionnellement le vote obtenu par le OUI. Ainsi le OUI a remporté 62 des 69 circonscriptions ayant plus de 90% de francophones, 14 des 21 circonscriptions ayant entre 80% et 90% de francophones, et seulement quatre des 35 circonscriptions ayant moins de 80% de francophones: en fait, le OUI a perdu toutes les 30 circonscriptions sauf une (Mercier) ayant moins de 75% de francophones.
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Tous les sondages anticipaient une solide majorité francophone pour le OUI, et un vote non francophone massif pour le NON (de l'ordre de 95%). Le simple examen des cartes du vote NON et OUI (cartes 7, 8, 9 et 10), indique que c'est bien ce qui s'est produit, mais l'analyse statistique le confirme.
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Les résultats obtenus par le OUI dans les 125 circonscriptions sont fortement liés au pourcentage de francophones dans chacune d'elles (corrélation de 0,861), mais cette relation est évidemment plus forte dans la région de Montréal (corrélation de 0,959) que dans le reste du Québec (corrélation de 0,598) puisque certaines circonscriptions très francophones de l'extérieur de Montréal ont voté NON (tableaux 5 et 6). Inversement, les résultats obtenus par le NON sont fortement liés au pourcentage d'électeurs anglophones (corrélation de 0,801) ou allophones (corrélation de 0,626): ces corrélations sont habituelles au cours des scrutins québécois depuis 1970 (les seules exceptions étant les élections de 1976 alors qu'une partie des non-francophones appuyèrent l'Union nationale, et des élections de 1989 alors qu'une majorité d'électeurs anglophones appuyèrent le Parti Égalité).
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Ces coefficients sont du même ordre que ceux calculés au référendum de 1980 pour le vote au OUI, soit 0,808 pour les francophones, - 0,834 pour les anglophones et - 0,469 pour les allophones. En fait, depuis les élections de 1970, on retrouve toujours la même structure de vote: le vote souverainiste est toujours corrélé positivement avec le pourcentage de francophones et négativement avec le pourcentage d'anglophones et d'allophones.
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Le vote linguistique à Montréal
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C'est à Montréal que la relation entre le vote référendaire et la composition linguistique des circonscriptions est la plus évidente: la relation extrêmement forte qui existe entre la composition linguistique des circonscriptions et les résultats du référendum est parfaitement illustrée par le graphique représentant le résultat obtenu par le OUI en fonction du pourcentage de francophones dans les 40 circonscriptions de la région du grand Montréal. On voit dans ce graphique que les appuis au OUI sont proportionnels au pourcentage de francophones (plus il y a de francophones, plus le OUI obtient un score élevé), et que cette relation ne connaît pas d'exceptions (aucune circonscription ne s'écarte considérablement du nuage de points du graphique).
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Ce type de relation entre la composition linguistique et le comportement électoral se vérifie depuis toujours aux élections québécoises. Nous avons effectué une analyse spectrale [Notes 9 ] du vote aux référendums de 1980 et de 1995 dans la région du grand Montréal, qui couvre l'île de Montréal, l'île jésus et la Rive-Sud de Montréal (40 circonscriptions). Le tableau 7 fournit les résultats de cette analyse: on y trouve les valeurs estimées du vote de chaque groupe linguistique, avec les marges de confiance qui leur sont associées.
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La méthode utilisée ne permet pas de déceler un vote significatif des électeurs anglophones ou allophones pour le OUI en 1980, tout comme en 1995: s'il existe, ce vote ne dépasse pas les 5-10% dans tous les cas. Mais alors qu'en 1980 le vote francophone pour le OUI ne dépassait guère les 55% dans la région de Montréal (et qu'il n'était que de 50% dans le Québec urbain et de 45% dans le Québec rural), en 1995 le vote francophone pour le OUI atteint les 63% dans la région de Montréal, et environ 58% dans 'le reste du Québec (l'Outaouais exclu). Malgré cette majorité très forte, le OUI n'a gagné que dans 14 circonscriptions parmi les 40 de la région de Montréal. L'extrême polarisation du vote anglophone et allophone a masqué la très considérable majorité francophone en faveur du OUI.
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Ce fait n'est pas nouveau: depuis 1970 le Parti québécois dispose de la majorité du vote francophone dans la région de Montréal (majorité relative en 1970, et majorité absolue depuis 1973), mais il n'a fait élire, le plus souvent, qu'une minorité de députés ou une courte majorité: six sur 29 en 1970, quatre sur 37 en 1973, 22 sur 37 en 1976, 20 sur 43 en 1981, sept sur 44 en 1985, sept sur 43 en 1989 et 16 sur 40 en 1994, alors qu'au référendum de 1980 le OUI n'a remporté que quatre circonscriptions sur 37 dans la région de Montréal. C'est seulement lorsqu'il dépasse les 60% du vote francophone que le Parti québécois réussit à faire élire un nombre important de ses candidats dans Montréal (comme en 1981), ou lorsque le vote anglophone et allophone est divisé (comme en 1976): sinon, le nombre d'élus péquistes dans la métropole est sans rapport avec ses appuis chez les francophones (comme en 1970, 1973, 1985 et 1989).
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Le vote des Amérindiens
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Les Amérindiens, qui ont acquis le droit de vote aux élections provinciales de 1970, sont en règle générale très abstentionnistes: leur taux de participation, lorsqu'ils s'inscrivent sur les listes électorales [Notes 10 ] , a été très faible, toujours inférieur à 50% depuis 25 ans [Notes 11 ] . Néanmoins, au référendum de 1995, leur participation a atteint les 73,9%, reflétant le même niveau d'intérêt que l'ensemble des électeurs québécois. Ce taux de participation varie d'une nation à l'autre (tableau) et atteint pour la plupart d'entre elles le taux de participation habituel à une consultation provinciale (entre 75% et 85%).
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Évidemment, l'ensemble des électeurs amérindiens a fortement appuyé le NON (90,4%), mais on notera cependant qu'avec un appui de presque 10% pour le OUI, les Amérindiens se démarquent considérablement des autres électeurs non francophones. En fait, si les anglophones et les allophones du Québec avaient appuyé le OUI dans les mêmes proportions que les Amérindiens, le OUI aurait remporté le référendum avec 52% des voix environ.
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La division linguistique du vote se retrouve aussi parmi les électeurs amérindiens mais à un second niveau, puisque dans l'ensemble des réserves indiennes et villages nordiques 82,7% de la population a sa langue d'origine comme langue maternelle. Si dans l'ensemble des réserves indiennes et villages nordiques le OUI n'a recueilli que 9,6% des voix, ce taux s'élève à 11,5% chez les Montagnais, à 22,2% chez les Hurons et à 25,5% chez les Abénakis, c'est-à-dire parmi les nations amérindiennes dont la langue seconde, pour des raisons historiques et géographiques, est le français; alors que ces appuis tombent à 3,2% chez les Algonquins, à 4,3% chez les Cris, à 1,1% chez les Micmacs et à 2,8% chez les Naskapis, c'est-à-dire parmi les nations amérindiennes dont la langue seconde est l'anglais, encore là pour des raisons historiques et géographiques. Seule exception à cette règle, les Inuit ont appuyé le OUI dans une proportion de 14,6%, mais cela est en continuité avec une certaine normalisation des rapports entre le Parti québécois et la nation Inuit, normalisation qui s'est d'ailleurs traduite par des appuis électoraux substantiels au Parti québécois depuis maintenant dix ans.
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En effet, même si au référendum de 1980 le vote pour le OUI dans les réserves indiennes et les villages nordiques n'a été que de 16,8%, on ne peut pas dire que le vote amérindien soit aussi polarisé contre les partis politiques souverainistes que le vote anglophone ou allophone. Les appuis au Parti québécois dans les réserves indiennes et les villages nordiques ont été de 12,5% en 1970, de 22,0% en 1973, de 22,1% en 1976, de 28,7% en 1981, de 47,1% en 1985, de 37,8% en 1989 et de 18,4% en 1994, alors qu'ils disaient NON à 29,1% au référendum sur l'accord de Charlottetown en 1992. On notera en particulier qu'aux élections de 1985, alors que le Parti québécois se faisait congédier par l'ensemble du Québec avec un vote de 38,7%, les Amérindiens lui accordaient un vote de 47,1%, très supérieur à la moyenne du Québec et pratiquement semblable à l'appui des seuls électeurs francophones: au cours de cette même élection de 1985, les Attikameks appuyaient le Parti québécois à 56,0% et les Inuit à 58,6%, c'est-à-dire à un niveau que le Parti québécois n'a atteint ou dépassé, parmi les électeurs francophones, qu'aux élections de 1981 ou le Bloc québécois aux élections fédérales de 1993.
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C'est donc dire que le maigre 9,6% d'appui au OUI au référendum de 1995 de la part des électeurs des réserves indiennes et des villages nordiques ne peut être analysé de la même façon que le vote presque nul pour le OUI de la part des électeurs anglophones ou allophones. En effet, alors que l'opposition des électeurs anglophones et allophones au Parti québécois, au Bloc québécois ou aux options nationalistes dans les référendums est, depuis un quart de siècle systématique, continue et presque unanime, les électeurs amérindiens ont montré qu'ils sont capables de nuances (un certain appui au OUI en 1995) et de distinguer les enjeux entre un référendum et une élection (des appuis certains au Parti québécois à certaines élections). Ils démontrent ainsi que leur comportement électoral n'est pas toujours entièrement dicté par leur origine ethnique ou leur appartenance linguistique.
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Le vote francophone
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C'est le cas aussi, bien entendu, des électeurs francophones, qui se divisent en permanence dans leur manière de voter, accordant la majorité de leurs appuis tantôt au Parti québécois, tantôt au Parti libéral, tantôt au OUI et tantôt au NON. C'est pourquoi, partant de cette analyse du vote linguistique, nous avons recalculé l'appui au OUI parmi les seuls électeurs francophones dans chacune des circonscriptions et chacune des régions délimitées dans les tableaux 9, 10 et 11.
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Ainsi, dans le tableau 9, les circonscriptions sont regroupées selon leur pourcentage de francophones: on voit très bien la décroissance des appuis au OUI à mesure que le pourcentage de francophones diminue. Mais si l'on regarde la colonne du vote OUI francophone, on voit que celui-ci se maintient aux environs de 60%, sauf parmi les circonscriptions ayant moins de 50% de francophones (nous reviendrons sur ce point plus loin). La composition linguistique des circonscriptions agit comme une sorte d'écran pour analyser le vote: en effet, lorsque le OUI obtient un moins bon résultat, cela est généralement dû à la présence d'électeurs non francophones plutôt qu'à une plus faible performance parmi les francophones. Ainsi, par exemple, dans l'ensemble de l'île de Montréal le OUI n'a obtenu que 34,4% des voix (tableau 11), mais parmi les montréalais francophones il a obtenu 61,2% du vote, c'est-à-dire un peu plus que la moyenne du Québec (60,0%), et dans les bastions péquistes de l'est de Montréal, il a obtenu 66,7% du vote francophone (tableau 9).
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Partant d'un vote non francophone presque unanimement reporté sur le NON, le calcul du vote francophone pour le OUI permet d'appréhender certaines réalités sociologiques intéressantes, et qui sont en parfaite continuité avec les comportements électoraux québécois depuis 25 ans. En effet, au-delà d'un vote francophone global de 60% pour le OUI, il existe des différences sociologiques importantes. Certaines, qui proviennent des caractéristiques démographiques des électeurs (âge, sexe, scolarité, etc.), ne sont pas analysables autrement que par les sondages, car au niveau des circonscriptions, qui sont des unités très grandes, ces différences s'estompent. Par contre, pour d'autres caractéristiques (composition linguistique, structure économique, urbanisation et ruralisme, régionalisme, etc.), les différences entre circonscriptions subsistent suffisamment pour faire l'objet d'une analyse sociologique. Et l'on s'en tient au vote francophone, le seul qui varie d'un milieu social à l'autre, puisque le vote non francophone, étant uniformément acquis au NON, n'est plus dès lors susceptible d'analyse sociologique autre que globale, sur laquelle nous reviendrons.
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Les données fournies dans le tableau 10 indiquent très bien le caractère plus urbain, et même métropolitain, du vote souverainiste. Les meilleurs résultats du OUI, parmi les francophones, se situent dans les milieux populaires de l'est de Montréal (66,7% pour le OUI), ainsi que dans la couronne de banlieues de Montréal (65,2%). Les pires résultats du OUI, parmi les francophones, se situent par contre dans l'ouest de Montréal (52,4%).
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Le vote francophone pour le OUI diminue à mesure que l'on passe de la région métropolitaine de Montréal vers la région métropolitaine de Québec (57,0%), les circonscriptions urbaines ou à forte composante urbaine (59,5%), et les circonscriptions à forte composante rurale (57,0 %). La région de Québec, néanmoins, se situe à un niveau plus faible que ce à quoi on aurait pu s'attendre: elle a accordé un appui plus faible au OUI que l'ensemble du Québec francophone, même si cet appui est quand même majoritaire.
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L'examen du vote par région révèle aussi des appuis différenciés pour le camp du OUI. Si les régions traditionnellement péquistes du Saguenay- Lac- Saint-Jean (70,4% d'appui francophone au OUI) et du Nord-Ouest (63,9%) se détachent, ainsi que les régions du Bas-SaintLaurent-Gaspésie (64,2 %), de la Montérégie-Rive-Sud (62,1 %) et des Laurentides-Lanaudière (65,8%), l'appui au OUI parmi les francophones est beaucoup plus modéré dans la région de Québec (56,3%), comme nous l'avons vu plus haut, dans la Mauricie-Bois-Francs (58,3%) et en Estrie (55,4%). De ce point de vue deux autres régions se détachent: dans ChaudièreAppalaches le OUI n'obtient qu'une courte majorité de 51,3% du vote francophone (et le NON l'emporte dans les circonscriptions de Beauce-Nord, Beauce-sud, Bellechasse et Montmagny-Ulslet), alors que dans l'Outaouais, le OUI n'obtient que 33,8 % du vote francophone. Dans ce dernier cas, il s'agit sans l'ombre d'un doute des craintes qu'un Québec souverain provoque chez les fonctionnaires fédéraux. La faiblesse du camp souverainiste dans l'Outaouais et en Beauce n'est pas nouvelle: il en a toujours été ainsi depuis 25 ans.
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Si l'on suppose que le vote pour le OUI est exclusivement francophone, on peut calculer le vote francophone au OUI en divisant le pourcentage qu'il obtient par le pourcentage de francophones dans chaque circonscription: il s'agit évidemment d'une estimation du vote francophone maximum pour le OUI. Ce calcul montre que le vote OUI francophone varie entre plus de 80% (dans Mercier) et 24,3% (dans D'Arcy McGee). Le vote OUI francophone dépasse les 50% dans 108 circonscriptions. Parmi les 17 circonscriptions dans lesquelles le vote francophone est inférieur à 50%, on retrouve en particulier plusieurs circonscriptions de l'ouest de Montréal (on trouvera entre parenthèses le vote francophone en faveur du OUI calculé par la méthode indiquée précédemment): Westmount-Saint-Louis (45,7%), Acadie (45,1%), MontRoyal (44,4%), Saint-Laurent (44,4%), Nelligan (43,3%), Robert-Baldwin (35,5%), JacquesCartier (34,4%) et D'Arcy McGee (24,3) [Notes 12 ] . On y retrouve aussi les circonscriptions de l'Outaouais: Papineau (40,9%), Gatineau (37,5%), Hull (35,5%), Chapleau (30,3%) et Pontiac (23,4%). On y retrouve enfin quatre circonscriptions très francophones (plus de 90%) que le OUI n'a pas remportées, contrairement à ce à quoi on aurait pu s'attendre: Bellechasse (47,6%), Montmagny-Ulslet (45,2%), Beauce-Nord (45,0%) et Beauce-Sud (42,8%).
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Un vote de classe ?
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Lorsque, le soir du référendum, Jacques Parizeau a déclaré «nous avons été battus par l'argent et des votes ethniques», tous les commentateurs, souverainistes comme fédéralistes, jouèrent du politiquement correct, en oubliant d'ailleurs le premier terme de cette déclaration et en changeant subtilement la formulation du second. Même si l'on peut estimer inopportune cette déclaration de Jacques Parizeau, car elle était sans doute inélégante dans la bouche d'un chef d'État de la part duquel on attend un discours rassembleur et non pas un discours vengeur, cette déclaration exprime néanmoins dans une formule saisissante une vérité incontournable.
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En effet, jamais au cours d'une campagne politique au Québec les choses ne furent si limpides: dans le camp du NON, les forces de l'argent (chefs de grandes entreprises, milieux d'affaires, chambres de commerce, conseil du patronat, banques, capital financier, etc.); dans le camp du OUI, le peuple (mouvement syndical, mouvement féministe, groupes populaires, la majorité des intellectuels et des artistes, etc.). Lorsque, en début de campagne, Jacques Parizeau a dénoncé la collusion du grand patronat avec le camp du NON et le discours mesquin de certains de ses porte-parole (Beaudoin, Garcia, Dutil, etc.) qui rapetissaient le Québec souverain à la dimension d'une république de bananes, le quotidien The Gazette s'est demandé, avec une certaine anxiété, si on n'était pas en train de retourner à la lutte des classes!
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Nous avons suffisamment illustré la polarisation linguistique du vote pour qu'il soit inutile d'y revenir. C'est la première constatation que nous voudrions maintenant illustrer -«nous avons été battus par l'argent» - en lui donnant toutefois un sens plus général que la simple collusion des forces de l'argent contre le OUI. En effet, le vote référendaire s'est aussi fortement polarisé sur une base sociale. Et cela ne veut pas dire que l'on classe les anglophones, et encore moins les allophones, dans les classes privilégiées de la société. Rien ne serait plus grossier au plan de l'analyse. Le vote non francophone est presque unanimement opposé au projet souverainiste, et n'est donc pas analysable en termes socio-économiques.
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Mais même si l'on s'en tient uniquement au vote francophone, c'est dans les zones les plus riches que le vote francophone pour le OUI est le plus faible. Nous utilisons ici comme indice le revenu familial moyen au recensement de 1991. Nous indiquons entre parenthèses le revenu familial moyen et le vote francophone pour les municipalités mentionnées en ordre décroissant du revenu familial moyen: Westmount (140 102$, 27,2%), Hampstead (126 912$, 18,2%), Senneville (113 338$, 43,3%), Mont-Royal (104 549$, 30,5%), Baie-d'Urfé (99 932$, 24,6%), Beaconsfield (92200$, 26,2%), Montréal-Ouest (88951$, 32,8%), Sillery (84 753$, 51,3%), Outremont (80 536$, 60,7%), Kirkland (79 397$, 25,3%), Saint-Lambert (76 703$, 48,0%). Outre ces municipalités cossues, la relation entre niveau de richesse élevé et faible appui pour le OUI parmi les francophones se vérifie au niveau des quartiers les plus favorisés: dans Côte-Saint-Antoine à Westmount (214 173$ de revenu familial moyen, 18,3% de vote francophone pour le OUI) qui est le secteur le plus riche du Québec, ou encore dans le secteur Summit Circle de Westmount (195 009$, 25,9%); dans le secteur Habitat 67 (182 246$, 35,2%); dans le secteur le plus riche d'Outremont, en haut de la Côte-Sainte- Catherine (144 512$, 32,2%); à Laval-Ouest (115 256$, 30,6%); dans le quartier Avenue des Pins (112 177$, 28,1%); dans Saraguay (98 443$, 31,3%); à l'Île-des-Soeurs (95 474 $, 42,7'/-); dans le secteur le plus riche de Saint-Lambert (82 160$, 40,9%); etc. [Notes 13 ]
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Inversement, c'est dans les zones les plus pauvres du Québec, en Gaspésie, sur la Côte-Nord, en Abitibi-Témiscamingue, dans le Centre-Sud et l'Est de Montréal, dans la Basse-Ville de Québec, que l'on retrouve les plus forts taux d'appuis au OUI parmi les francophones, appuis généralement supérieurs à 60% et parfois à 70%. Le revenu familial moyen est évidemment une mesure un peu crue de la position sociale, mais il mesure, peut-être approximativement, quelque chose de réel, et le lecteur averti aura reconnu dans la liste d'exemples qui précèdent les espaces sociaux où se retrouve l'essentiel de la bourgeoisie, que celle-ci soit francophone ou anglophone. Et parmi les francophones, cette bourgeoisie a voté très majoritairement pour le NON. Inversement, le peuple francophone a, en règle générale, très majoritairement appuyé le OUI. Le clivage social, parmi les francophones, a été, au cours du référendum de 1995, l'un des plus accentués parmi les consultations électorales depuis 1970.
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Conclusion
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De tous les facteurs explicatifs des différents niveaux obtenus par le OUI à travers les circonscriptions du Québec, la polarisation du vote sur une base linguistique est la plus forte. Alors que le OUI a gagné dans 80 circonscriptions, il a remporté la majorité francophone dans 108 circonscriptions sur 125.
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Mais le résultat final du référendum fut de 50-50 pour le NON, malgré une majorité de 60%. de francophones, et tout au plus 5% de nonfrancophones qui ont voté OUI. Il est politiquement incorrect, semble-t-il, de souligner cette situation pour le moins gênante: le vote presque unanime de la minorité a inversé une majorité très nette en faveur du OUI de la part de la majorité. On risque toujours de se faire accuser de qualifier les votes, alors qu'en démocratie tous les votes se valent.
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En effet, le OUI a été battu, ce que personne ne conteste. Mais ce qui fait problème pour l'analyse sociologique, ce n'est pas que le vote de la minorité ait bloqué l'expression du vote de la majorité: telles sont les règles du jeu et personne ne les remet en cause. Pourtant, même si le OUI avait gagné, et même avec une confortable majorité, le caractère unanimiste du vote non francophone contre le projet souverainiste aurait quand même fait problème. En 1992, lors du rejet de l'accord de Charlottetown par 56,7% des voix, c'est-à-dire avec plus des deux tiers du vote francophone, les anglophones du Québec ont tout aussi unanimement voté dans le sens contraire de la majorité francophone, alors même que la majorité des anglophones du Canada votaient contre l'accord, tout comme d'ailleurs l'ancien premier ministre du Canada Pierre Elliott Trudeau, qu'on ne peut tout de même pas taxer de nationalisme. Et cela faisait problème pour l'analyse sociologique du vote.
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Bien entendu, chacun est libre de voter comme il l'entend, mais lorsque près d'un million de personnes votent toutes dans le même sens, on est en droit tout de même de s'interroger sur la liberté de choix qu'elles se sont elles-mêmes donné. La démocratie est fondée sur l'existence d'individus libres et rationnels, qui font des choix après un examen objectif des enjeux proposés. Lorsque toutes les limailles de fer s'orientent dans le même sens, le physicien ne peut s'empêcher de penser qu'il y a un champ magnétique qui est la cause de cet événement improbable. Lorsque tous les membres d'une communauté votent dans le même sens, l'analyste politique ne peut s'empêcher de penser qu'il existe une cause commune. Surtout que cela se produit sans discontinuer et sans se relâcher depuis maintenant 25 ans, au cours de dix consultations électorales.
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Appeler cette cause commune du racisme, c'est un excès de langage que nous n'avons jamais commis. Par ce vote unanime continuellement affirmé, les électeurs non francophones expriment plutôt un refus, le refus systématique et obstiné du Québec français. C'est une attitude qui ethnicise les rapports entre francophones et non-francophones, et qui à ce titre doit être combattue. C'est pour cela que, malgré le vote du 30 octobre 1995, les souverainistes doivent oublier leur légitime amertume, et encore tendre la main à leurs concitoyens anglophones et allophones, et continuer de leur proposer de construire un pays ensemble. Parce que sans eux le Québec ne serait pas ce qu'il est.
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Par ailleurs, il est politiquement décisif qu'une si importante majorité de francophones ait dit OUI à la souveraineté du Québec: ce résultat pèsera de tout son poids dans la suite des événements. Face à l'histoire, il s'agit d'une rupture symbolique avec le passé (au référendum de 1980 à peine 50% des francophones donnèrent leur appui à un mandat de négocier): l'obstacle intérieur est franchi. Ne reste maintenant que l'obstacle extérieur constitué par l'opposition presque unanime de la minorité au projet de souveraineté.
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Au nom d’un Dieu Franco Nuovo (Journal de Montréal éditorial du 08-09-06)

Quel fouillis ! On a rêvé d’une société et d’un système d’enseignement laïques. On y était presque arrivé, mais depuis quelque temps on fait marche arrière à vitesse grand V.
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Au cours des derniers mois, on a eu droit à des histoires de turban, de kirpan, de voile dans les écoles, de permission de prières accordée aux musulmans sur une base régulière à l’École de technologie de Montréal. Voilà maintenant, nous apprenait la journaliste Émilie Dubreuil de Radio-Canada, qu’une école juive hassidique de l’arrondissement d’Outremont ne donne à ses étudiants du secondaire aucune éducation générale laïque, mais seulement des cours de religion. Pas de français, ni de biologie, ni d’histoire… que l’étude du Talmud.
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Le programme est légal, dit-on, puisque l’institution ne touche aucune subvention pour ses élèves. Or, la loi de l’instruction publique stipule que les enfants résidant au Québec doivent fréquenter l’école de 6 à 16 ans. C’est là que le bât blesse. Le ministère de l’Éducation, qui marche sur des œufs dès qu’il est question de confessionnalité, de peur bien sûr de heurter les sensibilités, ne reconnaît pas tout à fait l’école Toldos Yakov Yosef comme un établissement d’enseignement. Reste que les gamins qui la fréquentent n’ont pour la plupart pas 16 ans, ne suivent donc aucun programme, et du coup leurs parents contreviennent à la loi. Mais on négocie…
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Inquiétant tout ça, parce que la permissivité de nos lois nous fait tomber ici dans des accommodements déraisonnables. Dans les circonstances et la mouvance actuelle pour une société aussi ouverte que la société québécoise, il y a péril si chaque arrivant se campe dans sa culture, ses croyances et sa religion. Il faut bien sûr s’en tenir à des principes de non-discrimination, mais en restant dans le respect des valeurs québécoises. Il n’y a pas d’alternative, il faut refuser les ghettos religieux de la même manière qu’on refuse les ghettos culturels. Le problème n’est pas tant la liberté religieuse que dans la présence des religions dans la sphère publique et les lieux d’enseignement. C’est par l’école qu’on instruit, mais aussi par l’école qu’on endoctrine. Pourquoi donc croyez-vous que les religieux de toutes les confessions s’en sont toujours emparés ? Il n’y a pas d’esprit plus facile à façonner que celui des enfants et des jeunes adultes. Croyez-vous que les responsables de l’école Toldos Yakov Yosef l’ignorent ?
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Le Québec a su se débarrasser de l’intégrisme catholique pour devenir une société presque laïque, il ne va pas aujourd’hui, au nom de la tolérance, subir la dictature de toutes les autres religions.
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Certains groupes plus fondamentalistes ignorent malheureusement les libertés de la majorité au profit des doctrines de la minorité. Il faut éviter toute confusion entre culte et culture au profit d’une intégration à ce Québec d’aujourd’hui qui se doit plus que jamais laïque.
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On doit mettre fin à cette multiplication de cas d’exception pour des raisons religieuses si on veut échapper à une montée de l’intolérance. En marchant sur des œufs et en négociant comme le fait dans ce cas précis le ministère de l’Éducation, on ouvre la porte à la marginalisation des uns et à la xénophobies des autres. On finira par provoquer la grogne populaire par la prolifération de ces dérogations parce que la majorité des Québécois qui se plie volontiers aux règles va finir par avoir l’impression de faire les frais de cette réorganisation sociale et, même, de ne plus se sentir chez elle. C’est déjà commencé.
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Si on vise l’intégration, et c’est bien de cela qu’il est question, Il faut que les nouveaux arrivants et certains groupes culturels abandonnent un peu d’eux-mêmes pour épouser les valeurs de la terre d’accueil. Tiens, pour paraphraser Napoléon : «Comme juif, musulman ou catholique vous n’avez au Québec aucun droit, mais comme Québécois vous les avez tous.»

Le Rêve Québécois

Globalement, le Canada dans sa forme actuel est dans une impasse. Il n'y a pas de parti capable de représenter le pays d'un bout à l'autre, et la question constitutionnel n'a toujours pas été réglée et ce, malgré 22 ans de débats depuis son rapatriement. S'il en serait que de moi, le parti qui aurait la solution à cette impasse, serait un parti séparatiste ayant pour plateforme de disoudre le Canada en 5 États souverains vivant au sein d'une confédération de type européene comme le veux Bernard Landry. Dans la perspective où le Québec et le reste du Canada formerait deux États où le poid économique et démographique serait incomparable, nous ne pourrions tenir cette option comme réalisable, mais s'il y avait 5 États ayant plein pouvoir de leurs juridictions, de leurs valeurs, de leur reconnaissance internationale, et ce en mettant en commun certaines compétences tel la santé et le transport (comme en Europe), noous pourrions régler du même coup les deux problèmes auxquels est confronté le Canada.
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Les 5 États étant: l'Atlantique, le Québec, l'Ontario, les Prairies et la colombie Britanique. Après tout, n'est-ce pas la subdivision des cinq grands champs économiques du Pays ? Pour ce qui est des territoires nordiques, nous pourrions régler la question autochtone une bonne fois pour toute en leur rélégant leurs terres, tout en conservant certaines parties qui serait partagées par l'ensemble complet de la nouvelle Confédération Canadienne.
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Ce qui étonne encore à ce jour, c'est que le Québec ne sois toujours pas souverain.
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Luc Roussel - Longueuil 27 Mai 2004